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"Cela fait drôle de se rendre compte, de voir cette image, de se dire que cette personne n'est plus là, confie Nathalie Jeuniaux, infirmière en soins palliatifs au CHR de Mons, en regardant le reportage que nous lui avions consacré. Comme tous ceux que j'ai rencontrés, très souvent, j'y pense. Ils me reviennent à la mémoire."
Il y a 7 mois, nous rencontrions Nathalie. Ce jour-là, elle accompagnait un malade gravement atteint par le coronavirus. Nous la retrouvons aujourd’hui, le visage plus marqué par la fatigue. "Ça a été absolument différent, c'était beaucoup plus intense dans le sens où, pour certains, on se substituait un peu à la famille. On apportait beaucoup plus, on mobilisait vraiment toutes nos ressources. On faisait appel à toute notre créativité pour vraiment apporter tout ce qu'on pouvait."
"À la fin de la journée, j'étais exténuée"
Depuis près de 40 ans, cette infirmière en soins palliatifs apporte un peu de réconfort aux malades en fin de vie à travers des moments privilégiés. Pourtant, elle n’avait jamais vécu de situation similaire à celle de ces derniers mois. "Il y a eu à un certain moment énormément de décès, énormément de personnes qu'il a fallu accompagner donc le travail était beaucoup plus soutenu et fatiguant. À la fin de la journée, j'étais exténuée. Je me souviens un étage où je n'ai pas pu être là pour tous les décès."
Heureusement, Nathalie rencontre parfois des fins plus tranquilles. C’est le cas avec Dimitri. Gravement touché par le coronavirus, il a resté deux semaines dans le coma. Aujourd’hui, il peut sortir de l’hôpital. "D'un homme de 42 ans, on devient quelqu'un qui est en fin de vie, complètement dépendant, confie Dimitri, patient touché par le coronavirus. Si on n'a pas des gens qui vous rassurent, qui vous calment, il y a un moment où on devient fou."
Je n'oublierai jamais ce que ces patients et patientes ont enduré
"Ces personnes qui ont souffert n'oublieront jamais ce qu'elles ont vécu. Pour ma part, quelque part, je n'oublierai jamais ce que ces patients et patientes ont enduré." Lorsque cette infirmière de 59 ans quitte l’hôpital, c’est avec le sentiment du devoir accompli. Elle qui porte un masque pendant plus de 8H d’affilée, peut enfin souffler. "Quand je sors, je sors avec le sentiment que j'ai tout donné au moment où je devais le faire."
Marquée psychologiquement par la pandémie, Nathalie garde en mémoire des souvenirs très précis des moments partagés avec chacun de ses patients.