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(Belga) Environ 150 personnes, selon l'estimation de la police de Bruxelles-Ixelles, ont marché mardi soir de 17h00 à 19h00, depuis la place du Luxembourg devant le parlement européen à Bruxelles jusqu'aux bureaux de la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (EFPIA) situés rue du Trône. Elles ont appelé à la levée des brevets sur les vaccins et traitements contre le coronavirus, afin de contrebalancer la distribution inégalitaire dans les pays du Sud.
La manifestation a pris la tournure d'une marche funéraire, rythmée par la diffusion d'une musique de circonstance menée par des violonistes. La pluie a ajouté de la tristesse à l'ambiance déjà plombée. Les participants portaient des flambeaux et des cercueils. A l'arrivée, ils ont apposé sur la façade du lobby pharmaceutique des photos et noms de personnes non vaccinées décédées du coronavirus, notamment dans des pays à revenus faibles et moyens. Ces profils ont été tirés d'un mémorial en ligne où des personnes pouvaient librement exposer les histoires de proches disparus. Des discours ont pris place devant le mur. Cette action organisée par plusieurs associations, organisations et syndicats s'inscrit dans le cadre de la campagne citoyenne européenne "Pas de profit sur la pandémie". Elle prend place le jour où la dérogation à l'accord sur les droits de propriété intellectuelle ADPIC devait être abordée lors d'une réunion ministérielle, prévue au niveau de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et finalement reportée. Les associations défendent que la faible couverture vaccinale des pays n'ayant pas les revenus suffisants pour acheter des vaccins est un facteur favorisant l'émergence de variants. "Les entreprises qui ont le monopole n'ont pas la capacité de couvrir la demande aux besoins vaccinaux dans le monde et il y a seulement 5% de la population des pays à faibles revenus qui sont complètement vaccinés", avance Aurore Guieu, responsable de l'équipe Justice fiscale et inégalités chez Oxfam Belgique. "Il y a beaucoup de producteurs pharmaceutiques dans le monde qui pourraient produire des vaccins, mais on les en empêche en préservant le monopole et les profits de Pfizer, Moderna et BioNTech, ce qui pourvoit à des enrichissements individuels d'investisseurs". Elle remarque qu'íl y a des fonds publics qui ont été investis dans la recherche des vaccins. La spécialiste d'Oxfam se montre aussi critique quant aux dons de vaccins réalisés notamment par le mécanisme solidaire Covax : "La capacité est aussi ici insuffisante pour répondre aux besoins. Covax reste dépendant de la volonté des pays riches de donner des doses et donc on retombe sur une logique de charité. En Belgique, on a par exemple donné des restes des doses AstraZeneca, après l'épisode de perte de confiance parmi la population. Des vaccins qui avaient expiré ont aussi été donnés par d'autres. La charité n'est pas une solution". (Belga)