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Les champs prennent de plus en plus de valeur. À partir de 2008, les investisseurs se sont intéressés à ces terres cultivables, devenant rares et donc précieuses. En Belgique, un terrain agricole revient en moyenne à 53.200 euros par hectare, un prix qui a augmenté de 0,5% cette année. Depuis 2017, c'est plus 23%.
La valeur d'une terre agricole dépend de son emplacement, son environnement, de la structure du sol et de sa qualité. Pourquoi les investisseurs se tournent-ils vers ces terrains? "Vous avez un investissement qui est plus sûr, mais évidemment, tout va dépendre aussi de nouveau de la région dans laquelle vous investissez parce que les conditions climatiques peuvent influencer la valeur de ces terres aussi. Et ça, il faut en tenir compte. Ils ne vont pas investir près de la mer, par exemple, si je prends un exemple très simple avec le risque de remontée des eaux. Donc ils vont faire des investissements extrêmement ciblés", explique Bernard Keppenne, économiste.
Un investissement plus sûr donc, mais est -il rentable ? "Il faut être bien clair que ce type d'investissement, on va commencer à parler de revenus ou de return à partir de 10 ans et pas avant. Et on a des rendements qui tournent aux alentours des 2 ou 3% mais grand maximum", poursuit l'économiste.
Un investissement également très stratégique pour les multinationales. De nombreuses ONG dénoncent ce phénomène, car déposséder les populations rurales de leurs terres peut avoir des conséquences désastreuses. Exemple : en Côte d'Ivoire avec l'huile de palme. "Ces monocultures de palmiers à huile sont des déserts verts qui détruisent complètement la biodiversité et qui polluent l'environnement par tous les produits chimiques utilisés et les cours d'eau. Donc il y a vraiment des conditions sociales très difficiles et où, du coup, les communautés rurales perdent complètement l'accès à leurs terres, elles ne peuvent plus cultiver leur nourriture et l'accès à toutes les ressources qu'elles avaient", développe Manu Eggen, chargé de recherche et de plaidoyer pour FIAN, une organisation pour le droit à l'alimentation.
Certaines entreprises prennent aussi possession de terres pour faire leur green washing, ce procédé utilisé pour se donner une bonne image écologique. "Des entreprises essayent d'acquérir des terres pour faire des plantations d'arbres, par exemple, des projets de compensation carbone. Cela renforce ce phénomène d'accaparement des terres, même si c'est soi-disant pour des objectifs climatiques ou environnementaux", avertit Manu Eggen.
Le milliardaire Bill Gates est le premier propriétaire terrien des États-Unis. Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, est également un grand propriétaire de terres agricoles. Le secteur est devenu le nouvel eldorado des investisseurs.