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Le retour à la vie normale passera sans aucun doute par la vaccination. Mais pour que tout le monde puisse profiter d'un retour au même moment, il faut maintenir une forme de prudence. Ce qui commence à énerver les personnes déjà vaccinées, qui réclament plus de libertés, plus tôt.
On parle bien là de libertés dans la sphère privée, en ce qui concerne par exemple les rencontres entre proches. Des soirées du genre sont d'ailleurs organisées régulièrement en maisons de repos. "J'ai eu mes deux doses de vaccin, j'ai respecté les 10 jours avant de revoir des amis. A partir de ce moment-là, il n'y a plus aucune raison, si l'on fait attention, de se priver de rencontrer ou de dîner avec quelques amis. Et c'est ce que nous voyons dans les maisons de repos et de soins, où rien n'a changé. Ils sont tous vaccinés, dans un endroit clos et on leur interdit comme avant de voir complètement leurs amis et leurs familles", précise d'ailleurs Michel Huisman, Coordinateur du "Gang des vieux en colère", dans C'est pas tous les jours dimanche.
Mais cette idée n'est pas très populaire, certains se sentant lésés dans l'opération. "On ne sait pas vacciner tout le monde en même temps. Nous avons donné une solidarité en permettant aux plus âgés d'être vaccinés en premier. Cette solidarité, elle doit aussi s'appliquer lorsque l'on voudra reprendre notre vie ensemble. Commencer à créer deux catégories de population entre ceux qui ont eu la chance d'être vacciné, et ceux qui, comme moi, voudraient l'être mais doivent encore attendre, c'est profondément discriminant. C'est une couche de plus de division de la société dont on n’a pas besoin", a d'ailleurs déclaré David Leisterh, Député bruxellois et président du CPAS de Watermael-Boitsfort (MR).
Pour pallier à ce sentiment d'inégalité, une autre solution se dégage: la vaccination obligatoire.
"Pas totalement écarté"
Parce que les coronopass, ou plus généralement la mise en place d'avantages pour les personnes vaccinées, seraient considérés comme discriminatoires. "Au jour d'aujourd'hui, alors que les enseignants n'ont pas été prioritaires, les chauffeurs de bus non plus, ceux qui travaillent dans les magasins n'ont pas été prioritaires, ils n'ont pas été vaccinés et seraient privés de certaines activités ? Il y a quelque chose de choquant. Il y a un grand flou sur le type d'activités soumises au coronapass", répond Patrick Charlier, le directeur d'Unia (centre pour l'égalité des chances).
Pour lui, l'idée de rendre la vaccination obligatoire doit être envisagée. "Il y a des vaccins qui sont obligatoires au nom de la santé publique. Je préfère cela à des mesures indirectes et des restrictions pour privatiser le contrôle", détaille-t-il. Erika Vlieghe, Présidente du Groupe d'Experts de stratégie de crise pour le Covid-19 (GEMS), avoue d'ailleurs que cela n'est pas encore exclu. "Ce n'est pas totalement écarté. Pour l'hépatite B, par exemple, il est déjà obligatoire pour votre santé. On est dans une phase initiale, beaucoup de gens ont peur. Il faut donner beaucoup plus d'informations mais l'un n'empêche pas l'autre. Il faut garder le débat ouvert", embraye-t-elle.
Tous s'accordent à dire que cela ne doit être qu'un dernier recours. La priorité reste de sensibiliser pour convaincre les Belges de se faire vacciner.