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Jürgen Conings connu des services de renseignement depuis 2015: voici tout ce qui n'a pas été fait depuis pour l'arrêter

De nombreux détails sur le "CV" du militaire extrémiste ont filtré dans la presse belge ce mercredi. Les premiers éléments des enquêtes internes concernant Jürgen Conings sont d’ailleurs attendus. La ministre de la Défense Ludivine Dedonder a été interrogée à ce sujet en commission Défense de la Chambre ce matin et a reconnu n’avoir que trop récemment été mise au courant de la situation.

Apparition sur les radars en 2015

Jürgen Conings, ce militaire fiché comme extrémiste potentiellement violent et recherché par la police avec l'appui de l'armée depuis plusieurs jours, est apparu pour la première fois sur les radars d'un service de renseignement en 2015. C'était sur ceux de la Sûreté de l'Etat, le service civil de renseignement, lit-on mercredi dans plusieurs médias belges. 

Participation à un groupe d'extrême-droite en 2018

Rien de répréhensible jusque-là, mais il y a eu un nouveau 'hit' de Jürgen Conings dans les bases de données des services de renseignement en 2018, cette fois pour participation à un groupe d'extrême droite.

Port d'arme blanche et menaces entre 2017 et 2019

Entre 2017 et 2019, le militaire sera aussi connu des services de police et de justice. Des procès-verbaux sont dressés contre lui, dont au moins un pour le "port d'une arme prohibée" (une arme blanche) et un autre pour "menaces". Mais le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS, les renseignements militaires) ne recevra pas ces informations. Pas à l'époque, en tout cas. Il n'en a eu connaissance que très récemment.

Propos racistes et menaces envers Van Ranst en 2020

En 2020, Jürgen Conings tient des propos racistes sur les réseaux sociaux et poste anonymement des menaces contre le virologue Marc Van Ranst sur Facebook. Une enquête judiciaire est ouverte. La Défense le constate et porte plainte en justice. Une plainte qui sera classée sans suite quelques mois plus tard.

Habilitation de sécurité revue à la baisse mais nommé instructeur fin 2020

Mais à la suite de cette plainte, toujours d'après La Dernière Heure, Le Soir et Knack, le SGRS a décidé, le 31 août 2020, de retirer au militaire son habilitation de sécurité, de niveau "secret" (le 2e le plus élevé), qui lui permet d'accéder à des bâtiments sensibles.

Mais il faudra attendre près de 2 mois et demi plus tard - le 12 novembre - pour que le retrait soit effectif et notifié à l'intéressé. Lorsque ce retrait est notifié, un entretien a eu lieu entre le SGRS et le responsable hiérarchique de Jürgen Conings. Mais plutôt que de l'écarter, la Défense décide alors de nommer Jurgen Conings instructeur, écrit La Dernière Heure.

Rapport psychologique alarmant en décembre 2020

En décembre 2020, un rapport psychologique émanant de la Sûreté de l'État indique la dangerosité de Jürgen Conings.

Menaces d'attentat contre une mosquée le 1er février 2021

De premières révélations des enquêtes internes dans ce dossier ont eu lieu mardi après-midi, à huis clos, en commission de suivi du Comité R, l'organe de contrôle des services de renseignement. D'après La Dernière Heure, le 1er février 2021, la sonnette d'alarme sur les intentions du militaire est tirée par l’Organe de Coordination et d'Analyse de la Menace (Ocam). Des informations selon lesquelles il compte commettre un attentat à l'encontre d'une mosquée sont transmises. L’Ocam fiche le militaire comme extrémiste potentiellement violent.

Enquête du SGRS suspendue

Mais alors qu’à l’époque le SGRS suivait toujours le militaire, une opération visant à utiliser des méthodes particulières de recherche à son égard a été suspendue et les moyens redirigés vers une autre opération jugée à ce moment plus prioritaire.

Placement en menace de niveau grave par l'Ocam le 17 février 2021

Le 17 février, une nouvelle alerte de la Sûreté de l'Etat arrive. Jürgen Conings est cette fois placé niveau 3 sur 4 par l’Ocam. Il a ainsi été évalué comme représentant une menace "grave, possible et vraisemblable".

Depuis lors : rien n'a été fait !

Selon Le Soir et Knack, le SGRS n'a pas donné suite à cette information capitale. Depuis lors, est arrivé ce qu'on sait. Jürgen Conings a pu avoir accès à des armes de guerre et s'est servi. Il est en cavale et recherché depuis lors par la police aidée de l'armée.

Grave problème de transmission des informations

Deux enquêtes sont actuellement en cours, l’une au sein de l’armée et l’autre au sein de l’organe de contrôle des services de renseignement. Des enquêtes qui comme dans d’autres affaires devraient confirmer un problème de transmission des informations. Le chef de la Défense le reconnaissait d’ailleurs hier.

La ministre de la Défense au courant de rien

C’est également le constat posé par les parlementaires. Entendue en commission Défense de la Chambre ce matin, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder a expliqué qu’elle n’était pas au courant de toute une série de choses. Pas au courant de son existence, du fait qu’il était sur les listes de l’Ocam et du SGRS, ni qu’il était en niveau de menace 3 / 4 pour l’Ocam. "Je n’ai pas été mise au courant de cette inscription" sur une échelle 3 sur 4 dans la base de données de l’Ocam, a-t-elle expliqué. "Il semble qu’à ce niveau, l’information a été uniquement traitée au niveau du SGRS sans totalement remonter vers la hiérarchie du service", a-t-elle ajouté.

Le chef du SGRS pas au courant du fichage en niveau 3 par l'Ocam

L’information n’est pas remontée non plus jusqu’au sommet de la hiérarchie des renseignements militaires. Le patron SGRS, Philippe Boucké, n'a pas, lui non plus, été informés de l'inscription de Jürgen Conings sur la liste des personnes potentiellement dangereuses de l'Ocam. La raison de cette absence de transmission fait l'objet d'une enquête.

Les recommandations faites après les attentats de Bruxelles pour réformer le SGRS pas mises en oeuvre

Les députés présents n’ont pas manqué de faire part de leur agacement. Ces problèmes de communication des données devraient être réglés puisque cela faisait partie des recommandations suite aux attentats de Bruxelles. Les problèmes au sein du SGRS avaient alors déjà été pointés du doigts par la commission d’enquête parlementaire. "On est en 2021, les recommandations de notre commission d’enquête parlementaire ne sont toujours pas mises en œuvre et nous avons un service de renseignement militaire qui est gravement défaillant. Je pense que c’est le diagnostic qu’il faut poser aujourd’hui", a déploré Georges Dallemagne, député fédéral cdH. "N’avons-nous rien appris des attentats de 2016 ?", a ajouté le député fédéral MR Denis Ducarme.

Au niveau des dysfonctionnements au sein du SGRS, il apparait également que, parmi la trentaine de membres de la Défense connus pour leur radicalisation, on compte deux MP (police militaire) chargés du contrôle de deux parlements belges.

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