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Grève de la faim des sans-papiers: "C'est une honte pour la Belgique", estime le militant français Cédric Herrou

Le militant français pour les sans-papiers Cédric Herrou, co-responsable de la communauté Emmaüs Roya, a pris part lundi à 18h00, devant l'église du Béguinage de Bruxelles, au rassemblement de soutien aux quelque 430 grévistes de la faim.

Près de 300 d'entre eux, selon l'estimation de l'ONG Médecins du monde, ont entamé une grève de la soif à compter de vendredi au sein de l'église du Béguinage, de l'occupation de la VUB (Vrije Universiteit Brussel), mais aussi pour quelques-uns de celle de l'ULB (Université Libre de Bruxelles). 

Pour souligner l'urgence vitale d'agir, les bouteilles d'eau devenues inutiles ont été sorties de l'église et ont été disposées sur la place pour former les appels à l'aide "S.O.S." et "HELP".

La cinquantaine de personnes solidaires à la cause présentes ont frappé du poing sur leur poitrine pour donner à entendre les battements de c?ur des grévistes de la faim.

 Il y a un mépris de la pauvreté

"C'est une honte pour la Belgique ce qui se passe", estime Cédric Herrou. "Un curé répond à une question non pas humanitaire mais d'ordre politique. Les gens sont obligés de mourir pour espérer exister administrativement. Je suis devenu un défenseur de la morale. Je n'aurais jamais cru cela possible. Jeune, j'avais envie d'être immoral, mais aujourd'hui des représentants politiques incarnent l'immoralité la plus indigne. Le secrétaire d'État n'est même pas venu voir ce qui se passe ici. On voit des bénévoles s'occuper des sans-papiers. On a passé un cap dans l'immoralité, je trouve. Il y a un mépris de la pauvreté. Ce sont des gens au service des Belges, qui rangent les étagères des supermarchés, font la sécurité la nuit..."

Il a tenu à traverser la France pour venir exprimer une solidarité citoyenne entre les Français et les Belges. Cédric Herrou prévoit de rester deux jours et de se rendre également à Liège en raison des dévastations causées par les inondations.

Véronique Dockx, avocate spécialisée en droit des étrangers, a pris la parole pour rappeler que l'article 23 de la Constitution protège la dignité humaine et que l'article 3 de la Convention européenne des droits de l'Homme interdit aux États de soumettre une personne relevant de leur juridiction à des traitements inhumains ou dégradants : "Ce qu'on oublie souvent, c'est que les droits fondamentaux des migrants ce sont les nôtres. Si on supprime les droits fondamentaux des migrants, on supprime les nôtres aussi. L'illégalité n'est pas dans le camp des grévistes, mais dans celui du gouvernement et il est temps que cela cesse. Il est temps de prendre un peu de hauteur et plutôt que d'appliquer une loi illégale, qui ne respecte pas des dispositions supérieures, il faut la changer et maintenant".

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