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En réaction aux 22 fusillades qui ont eu lieu à Bruxelles depuis début janvier, le parquet bruxellois, la police fédérale judiciaire de Bruxelles et les chefs de corps des trois zones de police plus particulièrement concernées ont tenu mardi à revenir sur leur approche conjointe du trafic de stupéfiants. Tous pointent du doigt le trafic du bas de l'échelle.
Les enquêtes pénales sont assez complexes
"Depuis quelques mois, on constate un nombre important de faits de violence sur la voie publique. A quelques exceptions près, ces incidents semblent être liés au trafic de stupéfiants. Les enquêtes pénales sont assez complexes, entre autres parce qu'on ne peut pas compter sur la collaboration de la victime, qui connaît souvent le contexte des faits mais n'est pas prête à nous donner de détails", a d'abord expliqué le procureur du Roi de Bruxelles, Tim De Wolf. Il a assuré que des examens balistiques étaient systématiquement effectués et que les enquêtes engrangent des résultats. Plusieurs suspects ont ainsi déjà été placés en détention préventive.
"L'ensemble des faits constatés ne sont toutefois pas à situer dans le même contexte", a-t-il poursuivi. "Il y a parfois des "clusters" d'incidents liés, mais il n'y a pas une seule et même organisation criminelle derrière tous les incidents".
Les récentes fusillades ont résulté, d'une part, de tensions entre dealers de rue et, d'autre part, de règlements de comptes. Selon les cas, les enquêtes ont été confiées à la police fédérale ou aux polices locales. Des concertations et collaborations sont mises en l'oeuvre avec le pouvoir judiciaire pour la vente de stupéfiants, le trafic d'armes ou encore pour les bandes urbaines.
"La police est et restera présente partout"
Si Tim De Wolf admet qu'"il y a peu d'espoir d'éradiquer complètement le trafic de stupéfiants", il assure que cela reste une priorité et que les procédures ont été récemment optimisées pour compenser les déficits en personnel. "Ce phénomène est en constante évolution et donc nos méthodes changent aussi. On n'acceptera jamais d'avoir des zones de non-droit. La police est et restera présente partout".
Le chef de corps de la police de Bruxelles-Ixelles, Michel Goovaerts, a déclaré garder bon espoir au vu des arrestations qui suivent de près les incidents.
Au côté du chef de corps de Bruxelles-Ouest, Luc Ysebaert, le chef de corps de Bruxelles-Midi, Jurgen De Landsheer, a ajouté s'attaquer aussi "aux petites nuisances liées aux trafics de stupéfiants".
D'autres villes impactées
Eric Jacobs, le directeur de la Police Judiciaire Fédérale (PJF) de Bruxelles, a précisé que sur les 22 fusillades recensées cette année, une a conduit à la mort d'une personne, 14 ont fait un blessé et une a fait deux blessés. "Ce qu'on vit aujourd'hui, on l'a déjà vu dans d'autres villes européennes. Cela a commencé aux Pays-Bas, vous connaissez la situation à Anvers et aujourd'hui nous vivons une situation particulière ici. Déjà en 2020, les chefs de zone, le procureur et la PJF se sont réunis pour faire un plan global 'Stupéfiants' et développer une approche par quartier".
Il a souligné que la plupart des fusillades et des coups de couteau sont des faits locaux impliquant des bandes urbaines. "Il y a quelques exceptions que nous traitons au niveau de la PJF, dont un cas lié à la mafia albanaise (fusillade sur la place De Brouckère, NDlR.)", a-t-il spécifié.
"Pour certains dossiers, on peut faire des liens avec Sky ECC (le réseau de communication qui servait à des criminels avant d'être décrypté par les autorités, NDLR.), mais à Bruxelles nous avons surtout des luttes locales pour des territoires, dans une criminalité qui est d'un niveau plus bas... La cocaïne emmène quand même un autre type de violence".