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Jean-Louis Vincent, médecin intensiviste et membre de l’Académie royale de Médecine, était l’invité de la matinale de Bel RTL. Interrogé par Fabrice Grosfilley, il a détaillé les critères que les médecins utilisent lorsqu’ils se retrouvent dans la situation désagréable de devoir opérer un tri entre les patients à soigner en priorité.
Le terme de tri, aussi désagréable qu’il soit, correspond parfois à la réalité. "C’est bien de cela qu’il s’agit", explique le praticien : "Il faut pouvoir établir des critères objectifs et transparents et dans ce contexte, on peut éventuellement recourir à un score de fragilité puisque ce n’est pas exclusivement l’âge qui compte. L’âge a de l’importance évidemment mais nous savons tous que que ce n’est pas un critère suffisant en tant que tel et donc un score de fragilité est un score qui décrit les activités que cette personne peut avoir : est-ce qu’elle prend soin d’elle-même? Est-ce qu’elle se considère comme faible ? Etc. Et donc, il y a des critères assez simples et ce score va ainsi de 1 à 9."
Et les comorbidités?
Le membre de l'Académie royale de Médecine poursuit: "Il faut aussi évidemment tenir compte des comorbidités, c’est-à-dire les maladies sous-jacentes. Si la personne a une insuffisance rénale terminale et qu’elle est déjà en dialyse, cela doit évidemment être pris en compte par rapport à une autre personne qui n’a pas cette pathologie-là. On peut avoir une insuffisance respiratoire chronique, on peut avoir une insuffisance cardiaque. Le score de fragilité peut encore être intégré dans un score pronostic mais il faut que tout cela reste très simple", a précisé le médecin qui estime aussi qu’il ne faut pas accorder trop d’importance au score. Il n’y a pas que le score.
Le choix à faire entre les patients demeure une tâche malheureusement inhérente au monde médical estime Jean-Louis Vincent. "Ce sont des conditions que nous rencontrons de temps à autres en l'absence de tout Covid lorsque les unités de soins intensifs sont pleines. Cela fait partie de nos cours, nous enseignons cela. Dans les cours destinés aux futurs intensivistes, nous leur parlons de cela et même aux pharmaciens. Dans mes cours aux pharmaciens, je leur parle d'une diminution de disponibilité en médicaments : 'que faites-vous lorsqu'il n'y a plus assez de tel ou tel médicament ? Ce sont des questions auxquelles il faut être confronté".
"En ce qui concerne les soins intensifs, ultimement, la personne la mieux à même de décider, c’est le chef des soins intensifs ou son remplaçant", a conclu sur ce point Jean-Louis Vincent.
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