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Ce moyen initié il y a plusieurs mois a mis du temps à être cordonné adéquatement. Depuis la mi-septembre, on a un système de surveillance de la circulation du virus au niveau des eaux usées. Le but est d’avoir une idée de la circulation du virus en analysant par exemple les eaux des égouts, qui arrivent aux stations d’épuration, sans impliquer un testing de la population elle-même.
Ce type de technique est par exemple utilisé dans d’autres domaines, par exemple pour estimer la consommation de certaines drogues, comme la cocaïne, dans la population.
Depuis le 14 septembre, 42 prélèvement d’eaux usées sont réalisés deux fois par semaine à l’entrée des stations d’épuration, pour un projet qui devrait durer au moins deux ans.
Le virus se retrouve aussi dans le tube digestif
Le principe derrière tout cela : le virus se trouve non seulement dans nos voies respiratoires mais il est présent également dans le tube digestif. Ce virus dans le tube digestif est donc éliminé dans les eaux usées et va donc se retrouver au niveau des stations. En mesurant ainsi la quantité de virus, on peut avoir une idée globale ou régionale de la circulation du virus dans la population. C’est un reflet de ce qui se passe dans une ville, un village, une région, …
Un des avantages est que cette technique est indépendante de la politique de dépistage qui a changé à un moment, en raison de l’engorgement des laboratoires d’analyse, ce qui a un impact sur les chiffres de contaminations. Tandis que l’excrétion dans les selles et dans les eaux usées n’a effectivement pas changé et cela permet donc d’avoir un suivi continu sur ce point-là. Cela permet aussi d’être indépendant par rapport à des personnes qu’on ne teste pas, comme les petits enfants.
Un premier signal pour dire qu'il se passe quelque chose dans une ville
"Il y a donc une fonction, non seulement de constatation épidémiologique, mais si on se rend compte que l’excrétion virale devient plus importante, cela peut être un premier signal pour dire qu’il se passe quelque chose dans une région ou une ville et qu’il y a une recrudescence virale qu’il faut alors investiguer de manière plus attentive, par exemple par des dépistages plus fréquents dans la zone en question", estime Yves Van Laethem.
Sur les courbes provisoires représentant les analyses des eaux usées pour les trois régions, il y a une corrélation entre les courbes et les barres vertes qui montrent le nombre de tests positifs parmi la population.
"Si on regarde pour la Flandre par exemple, on se rend compte que la quantité de virus excrété au niveau des égouts augmente à partir de début septembre et qu’elle a un pic en début novembre pour re-diminuer par la suite. Ce pic dans la population (barres vertes) tombe un peu plus tôt, vers le 26 octobre, mais peut être lié aussi au fait que le nombre de tests était limité à ce moment-là, et qu’il y a donc un biais dans les barres vertes" , a expliqué le porte-parole interfédéral coronavirus.
Au niveau de la région de Bruxelles, "le pic se produit plus tôt qu’en Flandre, tant dans les eaux usées que parmi la population et globalement si on regarde les résultats pour la Wallonie, on a aussi un bon parallélisme entre les courbes dans les eaux usées et le nombre de cas positifs", a encore indiqué Yves Van Laethem.
Cet indicateur qui doit encore être affiné permettra de compléter les moyens utilisés pour surveiller la pandémie, et notamment les infections respiratoires aiguës diagnostiquées par les médecins généralistes, l’absentéisme au travail et bien sûr le nombre de nouveaux cas et le nombre d’hospitalisations qui sont suivis attentivement.