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Nous vous en parlions ce samedi, certaines structures hospitalières en Belgique sont au bord de la saturation et vont devoir commencer à repousser le traitement d’autres malades. C’est le cas à Liège. Les hôpitaux de la province craignaient la saturation depuis quelques jours et ont adressé un cri d'alerte aux autorités régionales et fédérales réunies vendredi en Comité de concertation.
Pour faire face aux admissions classiques et à celles dues à une infection par le coronavirus, "nous transférons actuellement les patients entre les différents sites hospitaliers et, lundi, des salles de chirurgie seront transformées en unités Covid", précise Pierre Gillet, directeur médical du CHU de Liège. "En soins intensifs, nous bénéficions d'un peu plus de marge mais il faudra peut-être aussi en arriver aux transferts interprovinciaux d'ici 24 heures".
La phase 2 se profile dès lors pour les hôpitaux liégeois. Un problème se pose toutefois: le manque de personnel. "Il faut en effet trouver les infirmières derrières les lits, tant en soins classiques que Covid. Nous avons déjà transféré tous nos patients du centre des brûlés vers un hôpital militaire afin que les infirmières puissent être redéployées dans les unités de patients Covid. Il faudra sans doute récupérer aussi celles qui travaillent normalement dans les salles d'opération et dans d'autres unités de soins normaux qui ferment". "Concernant les lits Covid, nous en sommes au même niveau d'activité qu'en mars-avril", conclut le directeur médical du CHU de Liège.
Des patients dans certains hôpitaux liégeois ont dû être renvoyés chez eux dans les dernières 24h
Invité dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL-TVI, Philippe Olivier, le directeur médical unité Covid - MontLégia - Liège, décrit lui aussi une situation très difficile. "La situation est très grave. On avait annoncé une saturation des hôpitaux de la province de Liège. C'est le cas", assure Philippe Olivier. "Dans les hôpitaux provinciaux, nous n'avons pratiquement plus de lits de réanimation. Il reste une petite capacité. Il n'y a également pratiquement plus de lits banalisés pour accueillir des patients covid. Des patients dans certains hôpitaux liégeois ont dû être renvoyés chez eux dans les dernières 24h. Ces gens courent un risque et n'auront pas une prise en charge optimale. On doit les trier en les choisissant avec ceux qui sont les moins exposés, et leur demander de revenir si la moindre alerte se profile."
Philippe Olivier poursuit: "On annonce dans les chiffres une saturation des 2.000 lits hospitaliers de soins intensifs en Belgique d'ici 15 à 20 jours. Cela signifie que tous les lits de réanimation seront pris par des patients covid. La question que nous posons est qu'allons nous faire des patients qui souffrent de pathologies normales et qui ont, pour certains, déjà souffert du report de soins dû à la première vague? L'appel qui est lancé est que des capacités de réserve, qui doivent avoir fait l'objet d'une planifications préalable, puissent être activées dans l'urgence."
Les autres opérations médicales devront donc être suspendues ou reportées. Le nombre de patients Covid double tous les 8 à 10 jours. Au mois de mars dernier, il doublait tous les deux jours.
A cela s’ajoute un manque de personnel fatigué avec un taux d’absentéisme global de 20%. Dans certains établissements, il atteint même les 35%, soit un médecin ou une infirmière sur trois en incapacité de travail.
Si les directeurs médicaux des hôpitaux liégeois s’attendent à revivre de prochains jours difficiles, pour eux les mesures prises par le comité de concertation étaient urgentes et nécessaires.