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Emmanuel Bottieau, spécialiste dans les maladies infectieuses à l'Institut des maladies tropicales d'Anvers s'exprime dans le RTLINFO13H.
Antoine Schuurwegen: La prolongation du confinement et le relâchement des mesures tenues par certaines personnes risquent-ils de devenir contre-productifs dans la lutte contre le virus?
Emmanuel Bottieau: "Je pense que ce n’est pas le moment de relâcher les mesures puisqu'on peut enfin constater dans les chiffres officiels les effets de l'arrêt des activités et du confinement qui a lieu depuis trois à quatre semaines. Maintenant, on voit diminuer le nombre de nouveaux cas par jour qui sont admis à l'hôpital. Les gens ne rentrent pas pour une seule journée à l’hôpital. Ils y restent pour quelques jours. Dans les prochains jours, on va voir les hôpitaux progressivement se vider. Pour les soins intensifs, il faudra attendre encore un peu plus de temps. En effet si on relâche les mesures maintenant, ce n’est pas l'idéal parce que les hôpitaux sont encore assez bien remplis, même s'il y a encore de la place. On craint l’existence d’une seconde vague. En plus, je pense que le personnel est quand même assez fatigué pour l'instant après le mois qu'on vient de passer… "
Antoine Schuurwegen: Les enseignants craignent avec une réouverture des écoles que les élèves deviennent les principaux vecteurs du virus et donc que la réouverture des écoles soit potentiellement dangereuse. Quel est votre avis d'expert ?
Emmanuel Bottieau:"Je pense qu'il est évident que si on rouvre les écoles, le virus va se remettre à circuler. On a constaté que les jeunes n’en étaient pas très malades. Il y en a parfois qui tombent très gravement malades mais c'est vraiment exceptionnel. Le virus a montré qu’il pouvait circuler parmi des gens qui développent très peu de symptômes mais l'ennui, c'est évidemment qu’après l’école, ces jeunes rentrent en contact avec le reste de la population et on risque de voir une remontée des cas dans le reste de la population. Il faut donc étudier dans quelle mesure la distance physique est possible dans les écoles. Ce sera évidemment difficile pour les petits enfants alors que pour les plus grands, les adolescents, il y a peut-être des choses que l’on pourrait aménager. Face à cette réalité-là, on doit être imaginatif par rapport aux prochaines mesures qu'on va prendre. De même, il faudra isoler les enfants ou les personnes malades très rapidement. C’est la seule manière qui permettra de garder la situation sous contrôle."
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