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La défense s'est exprimée lors de ce deuxième jour du procès de Yassine B. Cet homme de 44 ans est accusé de s'être fait passer pour un chauffeur de taxi pour agresser et violer des jeunes filles. La plaidoirie de son avocat a pu surprendre à plusieurs reprises puisqu'il n'a pas hésité à faire un rapprochement avec Georges Floyd, symbole donc de la lutte contre le racisme. "Il fallait un Algérien, on a trouvé un Algérien" a déclaré maître De Keyser présente pourtant lui-même son client comme un serial violeur et un prédateur sexuel qui n'arrive pas à dominer ses pulsions. Il prévient : "À la sortie de prison, mon client aura encore des pulsions et une vigueur renforcée par des années de prison".
J'espère que vous arriverez à éviter une nouvelle Julie Van Espen
Le moment le plus fort de cette audience a été la prise de parole d'une des victimes. La jeune femme de 21 ans, violée en novembre dernier, s'est adressée notamment au procureur du Roi qui a requis 10 ans de prison. "Vous n'avez pas réussi à me protéger en ne faisant pas le nécessaire dès les premières accusations en 2016 contre Yassine B. J'espère que vous arriverez à éviter une nouvelle Julie Van Espen".
La jeune femme s'est ensuite tournée vers son agresseur. Avec force et détermination elle l'a interpellé : "Toi, honte de la société, je veux que tu me regardes dans les yeux. Oses-tu encore affirmer que j'ai menti ?". Elle a également affirmé : "tout ce qui aurait pu m'arriver de pire, c'est d'être tuée".
"Meurtrier des âmes"
"Je pense que ça a été l'inquiétude de beaucoup de victimes dans le cadre de ce dossier, réagit l'avocate des parties civile Caroline Poiré, se rendre compte de la dangerosité de leur agresseur. Je pense à cette autre victime qui était là pour juste entre guillemets un attentat à la pudeur et qui finalement me disait : 'je sais à quoi j'ai échappé maintenant'.
Le père de la victime a également pris la parole. "Vous êtes un meurtrier des âmes" a-t-il lancé à l'agresseur de sa fille. "C'est effectivement l'âme de ma cliente qui est meurtrie depuis ce viol, donc oui le pire c'était effectivement la mort. Je pense qu'elle a craint à un moment pour sa vie", affirme maître Poiré.
Le discours entier de la victime lors de ce deuxième jour du procès
Mesdames les juges, Monsieur le Président,
La justice n’a pas agi en 2016, vous aviez TOUT : son ADN, sa plaque, son nom.
Mais vous n’avez rien fait et à cause de vous j’en ai payé les frais.
La justice aurait dû nous protéger dès 2016, comme il l’a si bien relevé, aujourd’hui les rôles semblent inversés.
Je suis là pour que vos enfants soient protégés et que mes enfants puissent dans 10 ans être libres de sortir comme vous l’avez fait.
Vous auriez dû me protéger en agissant il y a 4 ans. Vous pouvez le faire aujourd’hui en frappant fort et en créant un exemple d’une justice juste pour des actes aussi cruels et répétés sur 9 femmes par ce sérial violeur.
Montrez à toutes les Belges que porter plainte sert à quelque chose ! Pour le moment, je me demande pourquoi avoir fait tant d’efforts.
Monsieur le Procureur,
Pourrez-vous dormir avec une condamnation de 10 ans sur la conscience ? Ferez-vous des cauchemars de mon histoire comme moi je cauchemarde quand il se retrouve dans ma chambre et qu’il me dit « je t’ai retrouvée ! »
Votre réquisitoire mentionne l’horreur qu’on a vécue et vous nous remerciez de notre courage ! Qu’aurait-il pu faire de pire ? Me tuer ?
Vous avez parlé avec beaucoup d’émotion de Julie van Espen mais si vous n’agissez pas aujourd’hui il y en aura une autre dans 10 ans lorsqu’il courra dans une ruelle sombre (...)
Pourquoi parler si nous ne sommes pas entendues ? Le viol n’est toujours pas considéré comme un crime. Pensez-vous vraiment que seules mes mœurs ont été atteintes !
Aujourd’hui je ne peux pas changer la loi mais vous pouvez, et vous devez, requérir le maximum pour ce danger public.
A Yassine,
Toi qui n’es plus humain, toi qui es une honte pour la société, un violeur, une ordure, un gros connard.
Je veux que tu me regardes dans les yeux et que tu répondes par oui ou non à la question de mon avocat : oses-tu encore affirmer que j’ai menti ?
Quoi qu’il arrive, je salirai ton nom comme tu as sali nos corps et nos âmes. J’ai été élevée dans la terreur d’un Marc Dutroux. La prochaine génération connaîtra ton nom comme celui d’un monstre qui a perdu son humanité.