Partager:
La proposition a fait beaucoup parler d’elle ce lundi et a suscité énormément de réactions. Le ministre fédéral de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a en effet annoncé vouloir interdire la publicité et le sponsoring pour les jeux de hasard et paris sportifs.
Cela représente aujourd’hui un gros problème de société. "Le nombre de joueurs a explosé", a indiqué Vincent Van Quickenborne, au micro de Fabrice Grosfilley. Il était l’invitée de 7H50 sur les ondes de Bel RTL pour défendre son projet, citant en exemple le match Belgique-Finlande en juin 2021 : "288.000 joueurs ont joué, dont la moitié ce sont des jeunes", souligne-t-il.
"On constate aujourd’hui que 100.000 joueurs sont sujets à un trouble du jeu, dont un tiers sont dépendants. Donc c’est vraiment un problème", poursuit le ministre fédéral de la Justice. Le problème, selon lui, c’est que la publicité "normalise et banalise" le fait de jouer. "Si on n’arrête pas cette publicité, on risque d’avoir un tsunami de dépendants", avertit-il. Déjà lors de la crise sanitaire liée au coronavirus, le nombre de jeunes jouant aux jeux de hasard a augmenté de 43%.
On ne va pas rendre illégal le fait de jouer
Aujourd’hui, on estime que 68% des Belges jouent au moins 1 fois par an à un jeu de hasard. Cela n’est pourtant pas considéré comme une addiction ou un comportement problématique. "On ne va pas rendre illégal le fait de jouer, mais nous n’acceptons pas de faire de la publicité, de normaliser le fait de jouer aux jeux de hasard. C’est ça le but de la mesure", insiste-t-il.
Au sein de la majorité fédérale, le Mouvement Réformateur s’est dit fortement opposé à cette proposition, criant à la mort du football en Belgique. Et il est vrai qu’en première division, sur les 18 clubs, 14 ont un contrat avec une société de jeu. Cela pourrait dès lors représenter un manque à gagner. "Ce n’est pas évident, je le sais très bien. C’est pour cela que nous avons prévu une période de transition de 2 ans et demi, le temps de trouver d’autres sponsors", rassure Vincent Van Quickenborne.
L’Italie et l’Espagne ont déjà interdit ce type de publicité et pourtant, "le foot existe encore", dit-il. Le même débat s’est déjà posé il y a quelques années concernant la fin des publicités pour le tabac et la fin de la Formule 1. "On constate aujourd’hui que c’est le sport le plus populaire dans le monde."
Des mesures transitoires jusqu'en 2025
De son côté, le secrétaire d’état en charge de la Loterie nationale, Sammy Mahdi, a annoncé des règles plus strictes pour la Loterie nationale. Ce qui est une bonne chose pour le ministre fédéral de la Justice. "Je suis sûre que dans 5 à 10 ans, la publicité pour les jeux de hasard sera interdite dans toute l’Europe", affirme-t-il.
Cette interdiction devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année, avec des mesures transitoires jusqu’en octobre 2023, notamment pour les contrats passés avec ce type de publicités. Pour le secteur du sport, l’entrée en vigueur se fera dès le 1er janvier 2025. "Il faut respecter les contrats qui existent. Le monde doit pouvoir s’adapter", conclut Vincent Van Quickenborne.