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Paul Magnette était l'invité de Pascal Vrebos ce dimanche sur RTL TVI. Le président du Parti socialiste, également bourgmestre de Charleroi, a accusé le gouvernement fédéral d'Alexander De Croo d'un "manque de méthode général". Rappelons que le PS fait pourtant partie de ce gouvernement Vivaldi.
Pascal Vrebos a entamé l'interview en confrontant Paul Magnette à une critique: certains affirment que le président du PS se "bouchéise", c'est-à-dire qu'il adopte une attitude similaire à Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur. Le présentateur de RTL TVI a rappelé les sorties médiatiques de Paul Magnette sur son souhait d'offrir la gratuité des transports publics ou sa phrase "le débat est clos sur le nucléaire". Des propos qui n'étaient finalement pas partagés au sein du gouvernement fédéral.
Pascal Vrebos a encore rappelé le récent blocage survenu au sein du gouvernement sur la vaccination obligatoire du personnel soignant. Alors qu'un accord aurait été validé par le vice-Premier ministre socialiste au sein du gouvernement, le PS a affirmé s'opposer à la sanction prévue: le licenciement des soignants non vaccinés dès le 1er avril 2022. Cette position a provoqué une longue réunion de plus de 13H. Elle a débouché sur un changement de sanction pour les soignants non vaccinés: ils pourront s'opposer à leur licenciement. Dans ce cas, ils seront suspendus et ne percevront plus leurs salaires.
Suite à ce rappel, le présentateur a interrogé Paul Magnette sur son attitude vis-à-vis du gouvernement d'Alexander De Croo. Dans sa réponse, Paul Magnette réfute l'existence d'un pré-accord sur la vaccination obligatoire des soignants. Il se montre également très critique envers la majorité fédérale.
Pascal Vrebos: Vous êtes le Premier ministre de l'ombre?
Paul Magnette: Non, je ne veux pas jouer les Premiers ministres de l'ombre. J'ai formé ce gouvernement avec Alexander De Croo. On a fait le choix à un moment donné, et j'ai dit "très bien tu peux être Premier ministre", parce que je pensais qu'étant donné que les deux plus grands partis flamands n'étaient pas dans le gouvernement…
Pascal Vrebos: Mais là vous jetez des pelures de banane. Vous faites de l'opposition!
Paul Magnette: Ça n'empêche que je vais continuer à défendre les valeurs et les principes que défendent les socialistes par définition. Et je le fais avec Pierre-Yves Dermagne. C'est la voix des socialistes au sein du gouvernement. Ce n'est pas le seul, mais c'est le premier.
Pascal Vrebos: Mais lui il avait donné un accord. Vous l'avez carbonisé!
Paul Magnette: Tout le problème, monsieur Vrebos, c'est pas la première fois que ça arrive. Vous l'aurez vu. Vous avez vu que ça fait un certain nombre de fois qu'on dit qu'il y a un accord, et puis on s'aperçoit qu'en fait non.
Pascal Vrebos: Ah bon! Il n'y avait pas d'accord?
Paul Magnette: Non! Il y a un problème de méthode dans le fonctionnement du gouvernement.
Pascal Vrebos: De De Croo?
Paul Magnette: Un problème de méthode en général. Je ne vais pas personnaliser.
Pascal Vrebos: Mais qui? C'est lui le Premier ministre.
Paul Magnette: Il y a des préparations qui sont faites vite vite vite. Il y a des discussions dans lesquelles on n'a pas de texte. On annonce qu'il y a un accord, c'était la même chose la nuit du budget… à 2H du matin certains annoncent un accord alors qu'il n'y en avait pas du tout. Et puis quand on examine les textes, souvent on refait le match. Donc ça ne va pas, effectivement.
Pascal Vrebos: Là vous faites le portrait d'un gouvernement bordélique.
Paul Magnette: Il y a un problème de méthode. Voilà. Et j'en ai déjà parlé. Je crois qu'on doit vraiment faire en sorte qu'on prenne plus de temps pour préparer. On l'a vu aussi avec les comités de concertation. On fait un comité de concertation où on annonce des mesures, et puis dix jours après il faut recommencer et il faut en refaire un. Alors qu'en principe les mesures auraient dû être suffisantes. Ça ne va pas.
Pascal Vrebos: C'est quand même une accusation grave sur le fonctionnement du gouvernement. Vous dites qu'il n'y avait pas d'accord et eux disent qu'il y avait des accords.
Paul Magnette: Je ne personnifie pas, je dis que c'est une responsabilité collective. Mais on doit faire en sorte d'avoir de la clarté et d'avoir de la précision. Et sur le fond du dossier. Pierre-Yves Dermagne l'a dit depuis le début. C'est quelqu'un qui a des valeurs, d'intègre, de combattif, qui a porté toutes les mesures de soutien aux travailleurs pendant les premières phases de la crise coronavirus. Ici il a dit et redit "on ne peut pas sanctionner ce personnel soignant". C'est ça qui était l'erreur majeure. Dire qu'on allait licencier ce personnel était une erreur majeure, et donc il fallait se battre pour empêcher que ça arrive.