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Le cycliste, né en 1959, qui a fait tomber une fillette de 5 ans alors qu'elle se promenait dans les Fagnes avec sa famille le 25 décembre, a comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Verviers.
Le ministère public lui reproche d'avoir fait volontairement tomber la petite fille pour pouvoir passer, sans mettre pied à terre. Le sexagénaire, pour lequel un appel à témoins avait été lancé après la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux s'est expliqué ce mercredi. Lors de l'audience, le cycliste est revenu sur cette journée du 25 décembre et a expliqué qu'il n'avait nullement l'intention de faire chuter et de blesser cette petite fille de 5 ans.
Je me suis excusé en lui indiquant que je ne l'avais pas vue
"Quand j'ai quitté mon domicile et que je me suis mis en route, il n'y avait presque personne. C'est uniquement sur cette portion, d'environ 1km, à proximité de la Baraque Michel, qu'il y avait pas mal de piétons. J'ai freiné, j'ai adapté ma vitesse et j'ai actionné mon klaxon de 120 décibels", a détaillé le prévenu qui assure que sans une glissade sur l'extrémité du chemin enneigé, il avait assez de place pour passer sur la droite. "A hauteur de la petite fille, j'ai senti que ma roue arrière glissait. Pour éviter la chute je me suis rééquilibré en faisant un mouvement du genoux. J'ai senti que j'avais effleuré la petite fille mais je ne me suis pas rendu compte immédiatement qu'elle était tombée", a poursuivi le sexagénaire. Ce n'est qu'en voyant le visage et l'expression du papa de la fillette, qui avait filmé la scène, que le cycliste a compris. "Le papa m'a saisi par les épaules et poussait des cris. Je me suis excusé en lui indiquant que je ne l'avais pas vue. Comme il était menaçant j'ai poursuivi ma route quand j'ai vu que la petite s'était relevée et qu'elle n'était pas blessée."
Une version des faits que ne partage pas le parquet qui estime que le cycliste a volontairement porté un coup de genoux à l'enfant. "Dans son audition, le prévenu décrit les piétons, en général comme étant nonchalants et ne prêtant que peu d'attention aux cyclistes. Le 25 décembre, vu la météo et le confinement, les Fagnes étaient le pays de la nonchalance. De nombreuses familles étaient présentes là-bas pour se détendre et profiter des quelques distractions autorisées", a indiqué, dans son réquisitoire, la substitut du procureur du Roi qui est persuadée "qu'agacé par le fait d'avoir dû éviter plusieurs obstacles tout au long de son parcours le cycliste, excédé, a décidé de porter un coup de genoux à l'enfant pour dégager le énième obstacle qui se trouvait sur son passage."
S'il avait reconnu les faits, des mesures alternatives auraient pu être envisagées
Le ministère public est aussi revenu sur la publication des images sur les réseaux sociaux et la médiatisation du dossier qui ont poussé le parquet à réagir dans l'urgence, "tant on percevait que le dossier pouvait déraper vu les appels à la justice privée notamment." Si pour la procureur du Roi, la médiatisation a eu un impact sur la vitesse de traitement de l'affaire, elle n'en a pas eu quant à l'orientation du dossier. "Si monsieur est cité aujourd'hui, c'est pour des coups et blessures volontaires sur mineur et pour son attitude. S'il avait reconnu les faits, des mesures alternatives auraient pu être envisagées", a souligné le ministère public qui ne s'opposera pas aux mesures de faveurs qui pourraient être accordées au prévenu. Les parents de la fillette, qui se sont constitués partie-civile et réclament un euro à titre symbolique, contre le cycliste qui n'a pas redoublé de prudence comme il aurait dû le faire et qui aurait aussi pu choisir un autre jour ou un autre itinéraire pour sa sortie à vélo.
Du côté de la défense, on conteste l'intention volontaire des faits. Avec une attestation d'un moniteur de VTT, l'avocat de la défense entend prouver la nécessité du mouvement de rééquilibrage pour éviter la chute. L'avocat du prévenu a aussi souligné "la manière disproportionnée et surprenante avec laquelle le parquet a traité cette affaire. Le papa de l'enfant s'est présenté à la police, avec un certificat médical attestant que sa fille n'avait aucune séquelle mais a souhaité porter plainte parce que le cycliste ne s'était pas valablement excusé. Le père de famille a ensuite autorisé un ami à publier les images de sa famille sur les réseaux sociaux", a expliqué l'avocat qui a poursuivi. "Après avoir eu un contact avec le père de l'enfant qui lui a indiqué avoir porté plainte, mon client lui a demandé s'il était possible de retirer la vidéo publiée sur les réseaux sociaux, ce que la famille a refusé. Après cette conversation, mon client a immédiatement appelé la police où il est allé s'expliquer. Il a été privé de liberté le temps de son audition mais aussi une nuit complète pour ne pas s'être excusé valablement", a regretté le conseil qui réclame, à titre principal, l'acquittement de son client. Jugement le 3 mars.
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