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L'objectif du rapport est de "mesurer l'étendue et dresser le constat de tous les faits ou pratiques douteux entre 2017 et 2019" dans la galaxie de Nethys et ses filiales, pointe le rapport validé par le conseil d'administration de Nethys mardi matin. "Au sein des 5 sociétés Nethys, VOO, Win, Éditions de l'Avenir, Elicio, les opérations atypiques concernent différents types de dépenses pour un montant de 38,7 millions d'euros", conclut l'analyse de Deloitte.
Si certaines opérations ont pu être justifiées depuis lors, d'autres agissements pourraient encore être découverts à la suite de la même analyse en cours au sein des filiales Integrale et Liège Airport.
Le versement des indemnités de rétention à une partie de l'ancienne direction du groupe en mai 2018 (18,6 millions) constitue l'essentiel des dépenses litigieuses qui ont été surlignées dans le rapport du consultant Deloitte, et elles font déjà l'objet de procédures en remboursement et de saisies conservatoires.
Les autres "atypiques" frais de consultance (16,6 millions), honoraires d'avocats (621.859 euros), frais de voitures (426.733 euros), frais de voyages (52.000 euros) et autres dépenses qui n'ont pas encore été justifiées vont vraisemblablement être au cœur d'âpres batailles dans les mois qui viennent, indique Le Soir.
La majorité de ces transactions suspectes ont un point commun: un compte secret ouvert chez ING par l'ex-CEO Stéphane Moreau et l'ancien directeur financier Pol Heyse, en 2012. "Ce compte n'était soumis à aucun contrôle du département financier et était géré par le seul management. Il servait à effectuer l'essentiel des paiements litigieux et était alimenté par l'envoi de factures internes forfaitaires sans détail au département financier", pointe Deloitte cité par L'Echo.
Au final, si ce compte a joué un rôle essentiel dans les faits reprochés aujourd'hui, la nouvelle direction de Nethys en tire une conclusion: "Les faits identifiés par Deloitte montrent que des membres de l'ancien management et des proches de celui-ci se sont enrichis à titre personnel au détriment de Nethys. Ces abus de confiance et l'utilisation légère des avoirs de Nethys ont été rendus possibles par l'absence de contrôle interne, et par une culture d'entreprise dans laquelle la transparence et le contrôle des organes de direction ne constituaient pas des principes fondateurs".
"Il faut récupérer les montants", rappelle Christophe Collignon
Le ministre wallon des Pouvoirs locaux, Christophe Collignon (PS,) s'est réjoui mercredi de voir le nouveau management de Nethys et la justice au travail, indique-t-il dans une réaction envoyée à l'agence Belga. Selon lui, "c'est le résultat de ce qu'on a mis en place et dénoncé dès octobre 2019".
Christophe Collignon dit se réjouir de voir le nouveau management au travail. La Région wallonne est partie civile depuis novembre 2019 "car nous estimons avoir été lésés", rappelle-t-il en outre. "Il faut récupérer les montants. Laissons la justice aller jusqu'au bout", ajoute le ministre, parlant de montants "surréalistes".
Ecolo proposera au CA d'Enodia et de Nethys de se porter partie civile
"Nous nous réjouissons que le travail d'assainissement et de transparence totale sur la gestion passée de Nethys ait été mené de façon sérieuse, efficace et exhaustive", commente Stéphane Hazée, chef de groupe Ecolo cité dans un communiqué. "Il poursuit ainsi l'action volontariste conduite par le Gouvernement wallon dès son entrée en fonction en septembre 2019 et visant à mettre hors d'état de nuire les anciens dirigeants de Nethys et à assainir cette structure publique".
Pour Ecolo, "on ne peut que regretter que les anciens dirigeants de Nethys soient restés en place jusqu'à l'automne 2019, puisqu'ils ont manifestement continué à sévir après la mise au jour du scandale Publifin et l'adoption par le Parlement de Wallonie des recommandations de la commission d'enquête Publifin, qui ont heureusement été mises en œuvre depuis lors". "Vu l'ampleur des détournements, qui ont un impact direct sur le patrimoine de la collectivité et les travailleurs de l'entreprise, nous proposerons au CA d'Enodia et de Nethys de se porter partie civile, comme la Région wallonne l'a déjà fait", conclut le député Olivier Bierin.