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Philippe Leroy, le directeur de l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, était l’invité de la matinale de Bel RTL. Interrogé par Fabrice Grosfilley, il a évoqué la situation de son établissement à l’heure du déconfinement.
"C’est très loin d’être le retour à la normale. Il y a encore beaucoup de patients covid, particulièrement aux soins intensifs du CHU Saint-Pierre. Ce matin, 17 personnes y sont encore traitées, c’est plus de la moitié de nos lits qui sont occupés par ces patients. Cette semaine, on voit un début de transition vers un retour à la normale, mais cette transition va prendre plusieurs mois", explique Philippe Leroy.
Vous devez garder une capacité d’accueil pour le covid 19 parce qu’il peut toujours y avoir cette fameuse deuxième vague du déconfinement ?
Je ne sais pas si c’est une deuxième vague ou une recrudescence avec quelques cas ou un plateau qui va s’installer pour quelques semaines, personne ne sait véritablement. On doit rester prudent et préparer. On a des lits qui restent bloqués pour ces patients… On ne démantèle pas ni le dispositif mis en place aux urgences, ni tous les circuits mis en place dans l’hôpital et les unités. Eventuellement, on va réduire un peu la voilure au fur et à mesure mais on ne va rien démanteler.
Les consultations reprennent cette semaine, on a repris le rythme de croisière?
Ce n’est pas du tout le rythme le de croisière, on reprend les choses très progressivement parce que nous sommes tenus de respecter la distanciation sociale pour ne pas avoir des salles d’attente très remplies donc cela modifie complètement le planning et le nombre de patients qu’on peut accueillir par matinée ou par après-midi, donc on reprend doucement. Et puis, parce qu’on a encore du personnel mobilisé dans ces unités covid et qu’on va petit à petit redéployer vers les consultations par exemple.
Une liste de soins prioritaires a été établie par les médecins spécialisés, celle-ci sert de cadre ?
Cela sert de cadre, maintenant la liberté et le jugement de chaque médecin qui connait ses patients va primer de toute façon pour faire ses listes de priorités et rappeler les patients qui nécessitent le plus d’être vus pour un suivi essentiel. C’est très difficile de dire telle opération ou tel acte est prioritaire ou ne l’est pas parce qu’il y a toujours une situation individuelle d’un patient. Par exemple, une cataracte, si c’est un patient qui a du mal à voir et qui doit conduire pour son travail, cela peut être considéré comme urgent.
C’est l’hôpital qui prend contact avec les patients ou ce sont les personnes qui doivent se manifester ?
Les deux. Tous les patients que nous n’avons pas pu voir fin mars et pendant le mois d’avril, nous les recontactons, pour prendre de leurs nouvelles et refixer des rendez-vous, cela fait partie de notre responsabilité. Et puis nous avons renforcé des lignes vertes, service par service, où les patients peuvent appeler pour prendre un rendez-vous.
Il ne faut pas avoir peur d’appeler son hôpital si on a une petite inquiétude ?
Il ne faut pas avoir peur mais il faut aussi y penser parce que les gens ont beaucoup de choses, le travail reprend, les écoles vont rouvrir partiellement mais il faut aussi s’occuper de la santé.
Il y a 13 centres de tri (structure indépendantes des hôpitaux pour tester les patients), est-ce suffisant ?
Pour moi, ce n’est pas assez et c’est difficile d’imaginer que ce sera assez parce que si on veut faire du testing à une bonne échelle, on est quand même dans une épidémie avec un taux de pénétration important dans la population donc potentiellement beaucoup de personnes qui vont se présenter pour des symptômes. Donc ne pas avoir un centre de tri par commune, cela me paraît peu. En tout cas, j’espère qu’on est prêt à monter en puissance si cela s’avère nécessaire.