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Un phénomène a chamboulé le secteur de l'électricité: l'essor des énergies renouvelables et, en particulier, le photovoltaïque. Cependant, la façon dont la tarification de l'électricité a été pensée provoque des effets pervers, dénoncent deux professeurs de l'ULiège dans les colonnes du Soir ce jeudi.
Les professeurs Axel Gautier et Julien Jacqmin (HEC Liège) ont sondé 2.500 détenteurs de panneaux (800 réponses exploitables) en leur demandant s'ils avaient adapté leur comportement pour aligner leur consommation sur la production. Verdict: 60 % des répondants ne font pas le moindre effort.
Les autres ont bousculé leurs habitudes, principalement en utilisant leurs appareils électroménagers durant les périodes ensoleillées. "Le fond du problème, c'est qu'il n'y a pas d'incitant à autoconsommer" (c'est-à-dire, pour le prosumer, consommer l'énergie que ses panneaux sont en train de produire), soulignent les chercheurs.
Or "autoconsommer plus, c'est réinjecter moins sur le réseau". Ce qui permet de "réduire les investissements à consentir pour intégrer le renouvelable. Donc réduire le coût à charge de la collectivité", poursuivent-ils.
Autre problème, "l'attrait du rendement a incité certains ménages à surdimensionner leur installation photovoltaïque", constatent les auteurs de l'étude. 55% des sondés déclarent d'ailleurs que leurs panneaux produisent suffisamment d'électricité, voire "plus que suffisamment", par rapport aux besoins du ménage. "Alors certains préfèrent consommer ce surplus puisqu'il est là et que ça ne coûte rien. Résultat: 19 % des ménages sondés confessent avoir augmenté leur consommation depuis qu'ils ont des panneaux", soulignent les chercheurs.
Le vecteur privilégié pour gonfler sa consommation est l'utilisation d'un chauffage électrique d'appoint. Pour réparer ces anomalies, les deux professeurs proposent une refonte "radicale" du système de facturation. Leur étude est publiée dans la revue Regards économiques.