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"Où va-t-on ?" : Olivier effaré de voir des étoiles pour récompenser les élèves qui ne viennent pas à l’école en voiture

A l’occasion de la semaine de la mobilité, Bruxelles mobilité avait vu les choses en grand, à l’américaine. L’idée : installer un "walk of fame", aux abords de cinq écoles bruxelloises. Les élèves qui ne prennent pas la voiture pour venir à l’école peuvent dessiner une étoile sur un espace du sol qui y est dédié, devant leur école. Pour Olivier, c’est une véritable source de discrimination. Il a donc poussé le bouton orange pour dénoncer cette situation qu’il juge injuste.

A l’origine, installer un walk of fame aux abords des écoles n’a rien de bien choquant, l’idée est même originale. C’est justement ce qu’a pensé Olivier, en passant devant ces nouvelles créations : "Quand j’ai vu ces petites étoiles pour la première fois, je me suis dit que c’était une bonne activité pour les enfants." 

Pourtant, lorsque l’on regarde de plus près, l’initiative n’a rien à voir avec les célèbres étoiles d’Hollywood (appelée walk of fame, donc) : "Quand j’ai compris ce qui se cachait derrière, j’ai surtout été en colère". Et pour cause, ces étoiles, dessinées à l’aide de pochoirs, ne sont pas qu’une simple décoration. 

"Faire de Bruxelles une ville pour les enfants"

L'initiative a été lancée à l’occasion de la semaine de la mobilité, et s’inscrit notamment dans la lignée de "faire de Bruxelles une ville pour les enfants". Le but est ainsi de promouvoir les options de mobilité douce comme le vélo, la trottinette ou encore les transports en commun. Les élèves sont alors invités à dessiner des étoiles sur le sol, en y incluant le mode de transport utilisé pour venir jusqu’à l’école. Une activité anodine en apparence, mais pour Olivier, c’est une véritable source de discrimination : "C’est affligeant de voir ce genre de catégorisation. C’est comme si on passait par les enfants pour faire la morale aux parents. Mais eux n’ont rien à voir là-dedans, ils sont encore trop petits pour prendre leurs propres décisions."

Certains parents n’ont juste tout simplement pas le choix

L’action de promotion de la mobilité douce tourne donc finalement au fiasco. Et pour cause, plusieurs parents sont du même avis qu’Olivier et trouvent la décision complètement aberrante. Commence alors une véritable vague d’indignation : "Personnellement, je trouve ça injuste parce que certains parents n’ont juste tout simplement pas le choix. Certains habitent beaucoup trop loin que pour se permettre de ne pas prendre la voiture. D’autres doivent faire au plus vite pour aller au travail. Il y en a aussi qui doivent déposer plusieurs enfants dans plusieurs écoles différentes.", déplore Olivier.

Un sujet de dispute entre enfants !

Et ces étoiles ne sont pas seulement une source de frustration pour les parents. D’après Olivier, depuis le début de l’action, elles se révèlent également être un sujet de discorde entre les enfants : "Plusieurs d’entre eux en pleurent. Les parents se retrouvent dans une situation délicate où ils doivent réconforter leurs enfants et se justifier. Tout ça pour rien."

Et ce qui interpelle le plus Olivier, c’est le fait que la campagne soit à ce point relayée sur les réseaux sociaux : "Ce n’est pas une simple activité, les enfants sont finalement invités à s’en vanter." En effet, sur le site on peut voir la mention suivante : "partagez une photo des étoiles dessinées avec le walk of fame sur les réseaux sociaux de votre école et montrez à tout le monde à quel point vous brillez pour un Bruxelles apaisé ". Pour Olivier, c’est la goutte de trop : "C’est clairement diaboliser les enfants par rapport à leur moyen de transport. Où allons-nous ?".

Comment peut-on à ce point être dogmatique ?

Du côté des politiques, c’est également un tollé. Plusieurs personnalités ont d’ailleurs exprimé leur opposition face à cette décision qu’ils jugent déplacée et qui, pour certains, oppose les enfants. Et les réactions s’enchaînent, notamment sur les réseaux sociaux. Pour la député bruxelloise Aurélie Czekalski (MR), c’est une véritable preuve de discrimination : "Comment peut-on à ce point être dogmatique pour inventer de telles activités ? C’est scandaleux d’opposer les enfants". D’autres politiques sont également montés au créneau comme Ahmed Laaouej, qui parle d’un "walk of shame" (shame = honte) : "Comment une administration peut-elle être à ce point maladroite ? Qu’on enseigne aux enfants par pédagogie les vertus de la mobilité douce, c’est une nécessité. Qu’on les divise sur cette base, c’est inacceptable."

"L’idée était surtout de faire réfléchir"

Contactée par nos soins, Bruxelles Mobilité estime ne discriminer personne. Face aux prises de parole de certains politiques, la porte-parole se défend : "Il faudrait voir ce qui se passe sur le terrain. L’action a été très bien accueillie par les enfants, les parents, et même par les enseignants. On était sur le terrain et tout le monde était content. L’idée était surtout de faire réfléchir aux autres alternatives de transports et d’engager une discussion. Des animateurs étaient là pour coordonner tout ça et bien évidemment que tous les enfants, sans distinction, avaient la possibilité de faire une étoile. Ici on part sur une polémique alors que le but est d’être inclusif."

Face aux réactions provoquées par l’action scolaire sur les réseaux sociaux, l’administration de Bruxelles Mobilité a adapté le texte sur son site internet en supprimant la partie “qui ne viennent pas en voiture” pour ne stigmatiser personne. Mais pour Olivier, cela ne suffit pas : "A cet âge, on est vite influençable. On ne peut pas juste faire marche arrière et se dire que ça va mieux passer. Le mal est fait."

L’action est menée depuis le 14 septembre à travers 5 écoles bruxelloises. Elle se terminait avec la semaine de la mobilité. 

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