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Plusieurs professionnels du cinéma européen, dont le réalisateur français multi-oscarisé Michel Hazanavicius ou l'icône allemande Hanna Shygulla, ont rencontré mardi à Bruxelles des hauts responsables de l'UE pour "rappeler l'Europe à ses devoirs" en matière d'accueil des réfugiés.
"Le débat est énoncé de manière viciée, et les hommes d'Etat se doivent de leur opposer les valeurs fondatrices de l'Europe", a lancé Michel Hazanavicius lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Le réalisateur de "The Artist" a vivement dénoncé la multiplication des discours populistes face à la plus grave crise migratoire à laquelle l'Europe est confrontée depuis la Deuxième Guerre mondiale.
"Ce n'est qu'en étant politique et humaine que l'Europe peut espérer barrer la route aux dangers du populisme et de la démocratie", a-t-il plaidé.
Le cinéaste français a lancé un appel auquel se sont joints plus de 5.500 professionnels du secteur, dans le cadre de l'opération "For a 1.000 lives : Be Human" , dont Juliette Binoche, Costa-Gavras, Daniel Craig, Alfonso Cuaron, les frères Dardenne, Michael Haneke, Aki Kaurismäki, Mike Leigh, Ken Loach, Pawel Pawlikowski, Volker Schlöndorff et bien d'autres encore.
A ses côtés mardi, la réalisatrice franco-italienne Valeria Bruni Tedeschi, le Français Laurent Cantet, la star allemande Hanna Shygulla et l'acteur polonais Andrezej Chyra ont rencontré à Bruxelles le président du Parlement européen Martin Schulz et le vice-président de la Commission Frans Timmermans.
Ils étaient accompagnés des eurodéputés Claude Moraes (groupe Socialistes & Démocrates), président de la commission des libertés civiles du Parlement, et Silvia Costa (S&D), à la tête de la commission culture.
Ce collectif appelle l'UE à débloquer au plus vite les fonds nécessaires pour l'accueil des centaines de milliers de réfugiés et à offrir "les voies légales pour obtenir la protection de l'Europe".
Il a aussi demandé de mettre fin à la convention de Dublin, en vertu de laquelle les réfugiés arrivant dans l'UE doivent demander l'asile dans le premier pays qu'ils foulent, qu'il considère comme "un frein à la solidarité".
"Fille de réfugiés", Hanna Shygulla, née en Silésie alors allemande et qui a dû fuir en Bavière quand ce territoire est retourné à la Pologne en 1945, a rappelé à quel point "Welcome" est un "mot magique".
"Ce qui peut relier mon travail (à la situation actuelle), c'est la certitude qu'on est tous dans le même bateau, et de parler des personnages à même hauteur qu'eux. (...) Ce n'est pas de haut qu'on doit se positionner, c'est d'égal à égal", a expliqué de son côté Valeria Bruni-Tedeschi.
L'appel "For a 1.000 lives" a précédemment été lu lors des cérémonies de clôture de la Mostra de Venise et du festival de San Sebastian.