Partager:
Près de deux mois après les attentats de Paris, les enquêteurs de police ont retracé le parcours d'Hayat Boumeddiene, la compagne du tueur Amedy Coulibaly. Il ne fait plus aucun doute aujourd'hui que les frères Belhoucine, aujourd'hui en Syrie, ont sérieusement contribué à sa cavale.
La compagne d'Amedy Coulibaly, le tueur de Montrouge et de l'Hyper Cacher de Vincennes était la femme la plus recherchée de France après les attentats du 9 janvier. C'était avant que les autorités turques ne révèlent qu'elle avait été vue à Istanbul le 2 janvier, accompagnée d'un homme identifié comme étant Medhi Belhoucine. Il ne fait plus aucun doute aujourd'hui que ce dernier et son frère Mohamed ont ordonné sa fuite vers la Syrie.
La fuite du 1er janvier
La fuite des frères Belhoucine et d'Hayat Boumeddiene remonte au 1er janvier, soit une semaine exactement avant les attentats de Paris,
Le cadet des frères Belhoucine, Medhi, avait quitté le domicile familial, officiellement pour un séjour en Egypte, quelques heures seulement avant la venue de son frère Mohamed pour une "simple visite de courtoisie". L'aîné aurait alors profité de la situation pour dissimuler un téléphone dans l'armoire de la chambre du plus jeune frère de la famille, âgé de 19 ans, s'assurant qu'il ne serait découvert qu'après son départ. Le 4 janvier au matin, le benjamin des frères, réveillé par le vibreur de l'appareil, l'avait découvert. Il en avisa sa mère. Cette dernière apprenait alors, par un simple texto, que ses fils avaient "rejoint le califat", préférant "vivre dans un pays régi par la charia", indique Le Monde.
Deux bus différents, deux vols différents
Pour rejoindre la Turquie, les frères Belhoucine ont pris, séparément, un bus Eurolines en direction de l'Espagne. L'aîné, Mohamed, a emmené avec lui son épouse, Imène, et leur fils de 4 ans. Hayat Boumeddiene les a rejoints en voiture, conduite par son compagnon Amedy Coulibaly. Tous à l'exception de Coulibaly se sont envolés le lendemain de Madrid direction Istanbul, sur deux vols différents. Lui est rapidement rentré sur Paris.
Une réunion le matin du départ
Au matin du 1er janvier, une réunion s'était tenue au domicile de Mohamed, aîné des Belhoucine. Selon les enquêteurs, au moins deux autres personnes y auraient participé: un jeune homme de 23 ans d'origine tunisienne et un père de famille de 33 ans converti à l'islam. Tous deux seraient partis pour la Turquie le même jour avant de rejoindre l'Etat islamique, en Syrie.
Hayat Boumeddiene et Coulibaly très proches des frères Belhoucine
Les enquêteurs se demandent aujourd'hui quels rôles ont exactement joué ces candidats à l'exil. Se pose également la question de la responsabilité d'Hayat Boumeddiene dans les attaques de Paris. Cette dernière serait très proche de Mohamed Belhoucine. "A l'automne, ils s'étaient retrouvés tous ensemble à un pique-nique de l'association Sanâbil, qui soutient les familles des détenus musulmans", indique Le Monde.
Repérage à Dammartin-en-Goële
Selon le quotidien, une enquête de téléphonie montre que Mohamed Belhoucine "a pu réaliser un repérage tout près de Dammartin-en-Goële, là où les frères Kouachi se sont retranchés avant de mourir. C'est également sur le portable de Mohamed Belhoucine qu'un des hommes de main d'Amedy Coulibaly, Mickaël A, soupçonné de l'avoir aidé à se procurer des armes, appelait régulièrement pour le contacter."
Sans emploi, ils "pratiquaient un islam radical"
Les proches des frères Belhoucine ignoraient tout de leur entreprise. C'est à la télévision, deux jours après les attaques de l'Hyper Cacher, que le père de famille a découvert que son fils Medhi avait été aperçu en Turquie, en compagnie d'Hayat Boumeddiene. Le père de famille n'était cependant qu'à moitié étonné du départ de ses fils. Et pour cause, ils étaient tous deux sans emploi et "pratiquaient un islam radical".
Toujours activement recherchée par la police, la jeune femme de 26 ans n'a donné aucun signe de vie direct à ses proches depuis sa fuite. Sa dernière apparition publique remonte au 11 février, lors d'une "interview" accordée au magazine francophone Dar Al-Islam, véritable outil de propagande de l'Etat islamique.
@LucasBabillotte