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Sanction plutôt inhabituelle. Des amendes ont été infligées, à Namur, à des gens du voyage qui avaient mangé du hérisson. Une "tradition" interdite en Belgique, où le hérisson est une espèce protégée depuis 50 ans.
Sur la braise, au barbecue, ou encore à l’étouffée comme le mentionne un recette sur internet. Le hérisson est aujourd’hui toujours considéré comme un repas traditionnel dans certaines communautés.
Chez les gens du voyage, l’animal a longtemps été un plat festif. "On peut le faire à l'ail, à la grille, à la broche,... On peut le faire de différentes façons", confie Etienne Charpentier, le président du comité national des gens du voyage.
Mais selon Etienne, la coutume aurait aujourd’hui pratiquement disparu car depuis 50 ans, l’espèce est protégée et donc interdite à capturer. "Il y en a peut-être qui doivent encore en manger. Mais aujourd'hui, il y a tellement de choses qui se mangent. Les gens mangent des insectes, mangent un peu n'importe quoi. Pourquoi pas l'hérisson qui est quelque chose de bon et qui est dans la nature, dans les bois?", s'interroge Etienne Charpentier.
En Wallonie, la loi sur la conservation de la nature existe depuis juillet 1973. Elle vise à sauvegarder la faune sauvage, dont le hérisson fait partie.
"La viande, c'est souvent du muscle", indique Alan Gilson, le coprésident de Creaves Perwez. Il est inquiet pour cette espèce qui pourrait, selon plusieurs scientifiques, disparaître d’ici quelques années. "C'est une espèce en fort déclin dû au réchauffement climatique et dû à des maladies qui leur sont propres. Ces trois dernières années, les populations sont en forte baisse", ajoute Alan Gilson.
Le hérisson est aussi porteur de maladies transmissibles à l’homme. Alors pourquoi continuer à les consommer? "Au départ, c'est une viande assez facile à cueillir. Le hérisson a, dans son existence, un environnement buissonnier, que les gens du voyage rencontraient fréquemment. Aujourd'hui, c'est le symbole d'une existence ancienne", précise l'anthropologue Alain Reyniers.
Sur internet, des vidéos racontent même comment le cuisiner.
Des amendes de 1.600 euros pour maltraitance à l'encontre de hérissons
Le tribunal correctionnel de Namur a prononcé lundi des amendes de 1.600 euros à l'encontre de quatre prévenus pour maltraitance à l'encontre de hérissons. Un dernier prévenu est acquitté des préventions.
Les faits se sont déroulés durant l'été 2020. Les prévenus ont diffusé des photos où on les voyait réaliser un repas à base de sept hérissons. Les animaux avaient été tués d'un coup de bâton sur la nuque, gonflés avec une pompe à air, avant d'être cuits puis dégustés au barbecue, sous forme de steaks. Depuis toujours, le hérisson est le symbôle des membres de la communauté des gens du voyage, et le consommer est considéré comme un repas traditionnel au sein de cette communauté, dont faisaient partie les quatre prévenus condamnés. "Cela fait partie de notre tradition, que cela plaise ou non", aurait déclaré l'un des hommes aux enquêteurs. Les prévenus ont expliqué lors de l'audience du 12 décembre que des amis français, dont ils n'ont pas donné les noms, avaient apporté les animaux, déjà morts.
Le substitut Herbay réclamait deux mois de prison assortis d'un sursis pour chacun des cinq prévenus. "Les traditions sont une richesse, mais dans ce cas, celle-ci entre en contradiction avec la loi de la conservation de la nature et du bien-être animal, le hérisson étant une espèce protégée. Cette tradition est ancrée mais elle devra cesser."
Le conseil des prévenus plaidait une amende ou, à défaut, une peine de travail pour ses clients. Si la mise à mort des animaux était contestée, leur détention et leur consommation étaient reconnues.