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Pourquoi la Flandre se méfie-t-elle du roi Philippe ?

Quel genre de roi sera le Prince Philippe? Réussira-t-il à séduire tous les Belges? N'a-t-il pas une conception trop forte du rôle monarchique?

Le Prince Philippe est le nouveau monarque du Royaume de Belgique. Mais quel genre de roi sera-t-il ? Préparé à tenir son rôle depuis maintenant 30 ans, saura-t-il se faire aimer de tous, y compris de la Flandre? "Je ne crois pas que la presse flamande et les Flamands vont tout à coup applaudir pour leur prince comme on a fait aux Pays-Bas avec Willem-Alexander", suppose le chef de la section politique du quotidien flamand De Morgen, Steve Samyn, au micro de Chantal Monet pour RTL TVI. "Au nord du pays, très clairement, il y a une inquiétude, c'est que Philippe Ier soit Baudouin II", ajoute Patrick Weber, notre spécialiste de la monarchie.

Un côté autoritaire qui a fortement déplu à la Flandre

A priori, le Roi Philippe devrait être bien différent d'Albert II. Car si ce dernier a su jouer le jeu des institutions dans une Belgique fédérale et complexe, le Prince Philippe a déjà laissé percevoir par le passé, un côté autoritaire qui a fortement déplu à la Flandre. "On a vu un prince, il y a quelques années, qui voulait se manifester et qui a dit 'quand moi je serais roi, ce sera comme ça et comme ça'. Pas quelqu'un qui donne l'impression de vouloir jouer un rôle très modeste. Et je crois que la majorité des Flamands n'a pas confiance en un roi qui veut jouer un rôle très actif comme l'a fait le Roi Baudouin", se remémore Steven Samyn à Chantal Monet.

"Ils auront affaire à moi. Je peux être coriace. Je ne me laisserai pas marcher sur les pieds."

L'incident avait eu lieu en 2004, lors d'une mission économique en Chine. Le Prince Philippe avait accordé une interview pour "mettre en garde" contre certains partis comme le Vlaams Belang "qui veulent déchirer notre pays", avait-il averti alors. Avant de continuer: "Ils auront affaire à moi. Je peux être coriace. Je ne me laisserai pas marcher sur les pieds." Ces propos avaient suscité la polémique en Flandre et le prince s'était fait recadrer par Guy Verhofstadt, alors Premier ministre.

"J'aime trop mon pays pour ne pas dire ce que j'ai dit"

Plus tard, le Prince Philippe revenait sur cette interview et disait ceci: "Je vais vous dire un secret. Ce n'est pas vraiment un secret, mais je vais vous le dire quand même. J'ai passé une nuit blanche complète à me dire 'c'est un moment qu'il ne faut pas rater'. Il faut arrêter, en Belgique, de dire qu'on est un petit pays. Il faut croire en soi. Il faut avoir confiance en l'avenir. Et je l'ai dit, j'aime trop mon pays pour ne pas dire ce que j'ai dit. C'est sorti comme ça. J'y ai réfléchi, mais c'est quelque chose qui bouillonne depuis des années." Ce "dérapage" ne fut pas le seul. En 2007, le Prince Philippe tançait deux journalistes flamands dont il n'avait pas apprécié les articles après une mission économique en Afrique du Sud. Le Premier ministre avait alors parlé "d'attitude déplacée".

Mais doit-on supposer pour autant que le futur roi a une conception trop forte du rôle monarchique?

"C'est une crainte qui existe. Est-ce qu'elle se vérifiera? Je pense que Philippe a appris avec les années qu'il y avait des lignes rouges à ne pas franchie et que  les balises seront clairement posées au début de son règne. C'est une crainte qui existe, mais qui pourrait se révéler, à l'usage, finalement non fondée", conclut Martine Dubuisson, spécialiste de la monarchie pour le quotidien Le Soir.

En tant que prince, Philippe n'était pas tenu à un devoir de réserve. Une fois roi, il le sera.

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