Partager:
Dylan, un habitant de La Louvière, est excédé par l’état "pitoyable" de sa rue. Sa voiture aurait été endommagée suite à des travaux mal réalisés. Et, d’après lui, la détérioration de cette route régionale la rend particulièrement dangereuse. Face aux dégradations subies, le jeune homme voudrait obtenir une indemnisation de la part du Service Public de Wallonie. Mais, selon lui, les procédures sont lentes et compliquées.
Il y a environ deux semaines, Dylan monte dans sa voiture pour se rendre à la station-service près de chez lui. Ce magasinier automobile habite à Haine-Saint-Paul, une section de La Louvière. "J’ai remarqué que mon véhicule recevait des projections de gravier qui venait de la voiture devant moi", se souvient le jeune homme. "Ce n’est que le lendemain matin que j’ai constaté les nombreux impacts sur la carrosserie. Les graviers ont transpercé le vernis et la peinture. Mon capot est maintenant sujet à la rouille, si je ne fais rien", déplore-t-il.
Les réparations qui ont été faites sur les nids-de-poule sont inefficaces
D’après Dylan, ces dégradations ont été causées par l’état "pitoyable" de sa rue, la chaussée de Mons (N27). Le jeune homme assure que les travaux réalisés récemment ont été mal exécutés. "Les réparations qui ont été faites sur les nids-de-poule sont inefficaces. Après quelques semaines, la chaussée est revenue à son état initial, voire pire", souffle le magasinier qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer cette situation.
Et visiblement, le jeune hennuyer n’est pas le seul à se plaindre. Mécontent, Dylan partage son expérience sur les réseaux sociaux, où il reçoit quelques retours de personnes partageant le même sentiment. "Beaucoup de gens sont dans la même situation. Certains ont aussi vu leurs véhicules endommagés à cause des travaux. J’ai même pensé à dire à mes voisins, dont les voitures sont garées le long de la voirie, de les bouger".
Il s’agissait de travaux temporaires
Comment expliquer l’état apparemment déplorable de cet axe routier ? La porte-parole du Service Public de Wallonie (SPW) Mobilité et Infrastructures apporte une explication. "Dans le cas présent, les travaux de réparation de la voirie ont été réalisés par une entreprise privée que nous employons. Un camion propulseur compacte des graviers pour combler les nids-de-poule. Il s’agissait d’une réparation temporaire, qu’on appelle aussi à froid", indique Sarah Pierre. "Malheureusement, l’inconvénient avec ce genre de travaux, c’est qu’ils peuvent se détériorer rapidement en raison des conditions météorologiques défavorables par exemple", poursuit la porte-parole.
Des travaux provisoires, c’est justement ce que dénonce Dylan. Selon lui, aucune réparation efficace et durable n’a été réalisée depuis très longtemps. "Cela fait plus de 15 ans que j’habite à cet endroit et elle n’a jamais eu droit à des travaux, malgré son importance".
C’est dangereux pour tout le monde
Et cette dégradation de la chaussée la rend particulièrement dangereuse. "Les multiples bosses, trous, crevasses et changements d’adhérence comportent un net risque d’accident. Imaginez qu’un pneu éclate à cause d’un nid-de-poule et qu’un véhicule dévie de sa trajectoire… Que se passe-t-il avec le trafic derrière ou venant en face ?" interroge-t-il.
Le Hennuyer déplore également l’état des infrastructures adjacentes, comme la piste cyclable : "Pourquoi construire une nouvelle piste cyclable si elle est remplie de débris et jamais utilisée ? Entre les tracteurs, les camions et les voitures qui passent à 70 ou 90km/h, c’est dangereux pour tout le monde".
"C’est toujours la même question qui fâche : celle du budget"
La porte-parole du SPW épingle le manque d’argent pour financer toutes les réparations nécessaires. Ce qui contraint les autorités à établir des priorités. "Pour tous les travaux à effectuer en Wallonie, c’est toujours la même question qui fâche : celle du budget ! On travaille donc en fonction des priorités, qui sont déterminées par le degré de sécurité. La décision finale est prise par le ministre de la Mobilité", explique Sarah Pierre. "Notre objectif est de pouvoir effectuer un monitoring constant. Pour cela, le SPW fait appel à des agents, des gardes-routes, chargés de surveiller l’état des axes routiers. Ceux-ci sillonnent régulièrement les routes wallonnes pour repérer des anomalies. Une fois détectées, des actions sont prises en fonction des priorités de sécurité. Nous agissons ensuite en fonction des budgets disponibles et des priorités établies en amont", ajoute-t-elle.
En tout cas, Dylan ne décolère pas. Le magasinier ne veut pas uniquement dénoncer l’état de la chaussée qu’il juge "dangereuse". Face aux dommages subis, le jeune homme estime pouvoir obtenir une indemnisation de la part du SPW. "J’ai envoyé un mail le jour même où j’ai constaté les dégâts. J’ai rapidement reçu un formulaire avec les démarches à suivre : indiquer l’heure, la date, prendre des photos des dégâts, du véhicule et noter le point kilométrique", énumère-t-il.
Que faire pour espérer obtenir un dédommagement ?
Est-ce la bonne démarche à entreprendre dans pareille situation ? Selon Bruno Gysels, avocat spécialisé en circulation routière, le premier réflexe à avoir, comme pour un accident classique, "est de se retourner vers son assureur ou un courtier, si vous en avez un, cela facilite les démarches".
Pour Me Gysels, peu de gens maîtrisent réellement les subtilités des assurances. "La garantie de base est la responsabilité civile. Mais pour un dédommagement lié aux dégâts matériels, il est préférable d’avoir souscrit une garantie complémentaire, comme la garantie dégâts matériels. Elle couvre les dommages subis, que la responsabilité du conducteur soit mise en cause ou non. Il existe aussi la garantie "protection juridique" qui est intéressante, car elle permet de se retourner contre la Région en cas de litige. On fait alors appel à un avocat dont les frais seront pris en charge par l'assurance", conseille l’avocat.
Les démarches administratives sont lentes et compliquées
Deux semaines après avoir constaté les dégâts sur sa voiture, Dylan hésite toutefois à poursuivre sa demande. "Les démarches administratives sont lentes et compliquées, je me demande donc si ça vaut encore la peine de poursuivre maintenant… Je travaille toute la semaine, je n’ai pas le temps d’aller à la police ou de faire un devis chez le carrossier", confie le jeune homme.
Bruno Gysels admet que la procédure s’assimile à un véritable "parcours du combattant". Ce qui expliquerait pourquoi de nombreux citoyens abandonnent en chemin. "Il est compréhensible de vouloir éviter de s'engager dans des démarches aussi lourdes et complexes. C’est une situation à esquiver si possible".
De son côté, la porte-parole du SPW tempère. Selon Sarah Pierre, introduire un dossier d’indemnisation n’est pas si contraignant. "Dans le cas de Monsieur, seuls quatre éléments sont nécessaires afin que le dossier soit recevable", assure-t-elle.
Sarah Pierre rappelle aussi que, pour toute information, les usagers peuvent appeler le numéro vert gratuit 1718 ou consulter l’application WalOnMap.