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Étudiant en droit à l’Université de Liège, Paul (prénom d’emprunt) se questionne sur la manière dont l'un de ses professeurs note l’examen de fin d’année. Il nous raconte son histoire via le bouton orange Alertez-nous.
"Je me demande si c’est légal", nous confie Paul, étudiant de première année en droit. Dans le cadre de son cursus scolaire au sein de la Faculté de droit, Science politique et Criminologie de Liège, le jeune homme suit un cours d’introduction au droit public. Ayant pris part à l’examen récemment, il est perplexe sur la manière dont le professeur attribue les notes.
Dans l’engagement pédagogique du cours reprenant, en partie, les méthodes d’évaluation, il est stipulé que l’examen d’introduction au droit public sera composé de deux types de questions. Celles-ci seront alors notées de manières différentes.
La majorité de l’évaluation est réalisée sous forme de questionnaire à choix multiples (QCM). En cas de bonne réponse, l'étudiant reçoit un point. S'il s'abstient, il a zéro. Une mauvais réponse, elle, engendre un retrait de point.
Le reste de l’examen est ensuite constitué de questions ouvertes, pour lesquelles les élèves doivent justifier la réponse. La manière dont ces questions sont évaluées diffère de la précédente. C'est exactement ce qui pose problème à Paul.
6 points perdus
Pour celles-ci, le professeur accorde un point en cas de bonne réponse, et en retire un en cas de mauvaise réponse, ou d’abstention. "Ça ne me semble pas très juste. Je n’ai jamais entendu ça ailleurs, surtout pas dans d’autres Universités", se plaint l'étudiant.
Le jeune homme ayant obtenu dix bonnes réponses et s’étant abstenu à six reprises sur 16 questions, sa note finale est alors de 4/16. Si le professeur ne prélevait pas de point en cas d’abstention, Paul aurait obtenu la note de 10/16 aux questions de référence.
"Ces 6 points m’auraient fait réussir. À cause de ça, j’ai raté mon examen avec un 9/10 et je dois le repasser", dit-il.
Quelle légalisation pour la notation?
En Belgique, il n’existe aucune réglementation concernant la notation des travaux ou examens dans l’enseignement supérieur, que les cours soient dispensés en Haute école ou en Université. Selon le décret paysage (aussi appelé décret Marcourt), les modalités d’évaluation relèvent de la liberté de chaque professeur.
Cependant, elles doivent être annoncées dans la fiche d’enseignement du cours, et ne peuvent pas être modifiées en cours d’année, sauf en cas de force majeure.
Le professeur d’introduction au droit public ayant bien stipulé sa manière de noter en début d’année, il est tout à fait dans son droit. Nous l’avons contacté afin qu’il nous explique les raisons de son système de notation. L'enseignant nous affirme comprendre la démarche de son élève, qui est en droit d’obtenir une réponse.
Il précise, tout d’abord, que les étudiants sont autorisés à apporter ce qu’il appelle un "copion légal" le jour de l’examen. En effet, chaque élève peut se munir de 50 pages écrites de sa main, et sur lesquelles il a pu, au préalable, marquer tout ce qu’il souhaitait à propos du cours.
L’enseignant explique ensuite:"En droit, la notion de preuve est très importante. Il ne suffit pas de dire que quelque chose est exacte, il faut savoir le prouver". Or, comme il le rappelle, "80% des questions de l’examen ne doivent pas être justifiées, et peuvent même être devinées parmi plusieurs réponses possibles".
Pas de vérité sans preuve
C’est donc pour intégrer cette dimension probatoire dans sa manière d’évaluer, que le professeur décide de retirer un point en cas d’abstention pour les questions de références. "Un futur avocat ou magistrat doit pouvoir justifier ses dires. Je ne pose ces questions que sur de la matière reprise dans les documents que les étudiants ont physiquement avec eux", précise-t-il.
Selon lui, il est donc raisonnable de retirer un point en cas de mauvaise réponse, mais également en cas d’abstention. "Même si l’élève ne fait rien, le résultat est fondamentalement le même : il n’a pas pu me dire ni me prouver ce qu’il fallait. C’est donc aussi faux qu’une mauvaise réponse".
Le professeur, qui affirme utiliser cette modalité depuis plus de 15 ans, ne compte pas revenir dessus. "Ce sont des questions importantes, et il ne s’agit que de 20% d’entre elles. Si je n’enlève pas de point en cas d’abstention, les élèves peuvent les laisser de côté et tout de même réussir l’examen, alors qu’ils ne savent absolument rien prouver", dit-il.
Lorsqu’on lui demande le taux de réussite de son examen, l’homme nous affirme que "le taux de réussite des questions ouvertes n’est pas moins bon que celui des autres", et que "l’argument selon lequel les étudiants seraient pénalisés à cause de ça n’est statistiquement pas correct".
Il assure n’avoir jamais reçu de plainte de la part d’un élève ou d’un parent auparavant.