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Betty, 51 ans, habitante de Grâce-Hollogne, bataille depuis plusieurs années pour que les sourds et malentendants puissent bénéficier de sous-titres de qualité à la télévision. En 2015, elle avait contacté la rédaction de RTL info, déplorant "presque 24 jours sans sous-titrage sur Proximus TV pour la chaîne TF1". Cette fois-ci, elle dénonce via le bouton orange Alertez-Nous "des sous-titres qui déconnent avec la version 5 du décodeur Proximus".
Une communication difficile avec le service helpdesk
Betty évoque des problèmes de sous-titres sur les chaînes de nos confrères de France Télévision et de la RTBF : des décalages par rapport au son, des sous-titres trop rapides pour être lus, l’absence de certains sous-titres, d’autres ne disparaissant pas de l’écran. La communication via messagerie instantanée avec le service helpdesk de Proximus s’est avérée une expérience frustrante pour Betty. "Ils répètent toujours la même chose, m’expliquent comment faire avec la télécommande comme si je ne savais pas me débrouiller à mettre les sous-titrages", s’agace-t-elle.
Selon Betty, Proximus propose une solution coûteuse : passer au décodeur V7, facturé 49 euros. "Les personnes sourdes et malentendantes sont donc dans l'obligation de changer de décodeurs", s'indigne-t-elle.
"Le but n’est pas du tout de l’obliger à passer d’un décodeur à l’autre", réagit Fabrice Gansbeke, porte-parole de Proximus. "On attache une grande importance aux initiatives pour l’inclusion et pour stimuler l’expérience des personnes handicapées, que cela soit visuel ou auditif", assure-t-il.
Un problème technique censé être réglé depuis le mois de mai
À propos du problème d’affichage des sous-titres, Fabrice Gansbeke explique que "l’implémentation d’un nouveau système technique chez RTBF a causé des problèmes chez nous sur certains décodeurs à partir du mois de février". Une solution a été apportée le 16 mai, précise le porte-parole de Proximus. "Tout devrait être réglé".
Betty estime néanmoins que des bugs d’affichage subsistent "en replay et quand on enregistre". Le porte-parole de Proximus entend bien apporter une solution à Betty : "changer de décodeur pour la V7 pourrait effectivement régler le problème car ces décodeurs sont plus performants et plus interactifs". Et de préciser : "S’il s’agit d’une défaillance du décodeur actuel, le changement est gratuit".
Un enjeu d’égalité d’accès à l’information, à la culture ou aux divertissements
L'APEDAF (association des parents d’enfants déficients auditifs francophones), de son côté, souligne l'importance des sous-titres pour les personnes sourdes et malentendantes : "En Belgique, on parle de 8,9 % de la population pour qui le sous-titrage, est un moyen indispensable d’accès à l’information, à la culture ou aux divertissements", peut-on lire dans un rapport de 2022.
Depuis 2019, les chaînes de télévision belges sont soumises à de nouveaux objectifs fixés par le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) en termes de sous-titrage : 95% des programmes doivent être sous-titrés pour la RTBF, 35% pour les télévision locales, 75% pour les chaînes privées.
À noter que cette règle n’est applicable à RTL Belgium que depuis le 1er janvier 2024. Auparavant, RTL était un éditeur luxembourgeois, qui ne dépendait pas des règles du CSA, mais de celles de l’ALIA (Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel). "La période d’implémentation des objectifs du règlement est fixée à 5 ans, période au cours de laquelle RTL devra rencontrer progressivement ses obligations", explique notre service juridique. RTL est actuellement en train de tout mettre en œuvre pour permettre l’accessibilité de ses programmes endéans les délais qui lui sont impartis.
Le sous-titrage selon les normes du CSA est encore assez rare.
En 2019, le CSA a également établi une "charte de qualité du sous-titrage à destination des personnes en situation de déficience auditive". Il s’agit d’une série de recommandations adressées aux éditeurs de services télévisuels concernant l’aspect des sous-titres (police du texte, couleur, positionnement sur l’écran, etc.). "Le sous-titrage selon les normes du CSA est encore assez rare parce que cela demande beaucoup, beaucoup de moyens", observe cependant Matteo Signorino, chargé de projet en éducation permanente à l'APEDAF. L’association a d’ailleurs publié un "guide du sous-titrage 5 étoiles" pour sensibiliser à l’utilisation d’un sous-titrage de qualité, selon les normes définies par le CSA.