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À Andenne, Véronique dénonce "l’urbanisation catastrophique" de la ville: "Ce projet va totalement gâcher notre paysage"

A Andenne, les projets de construction de nouveaux logements se multiplient. Une habitante dénonce cette politique de bétonisation des espaces verts de sa ville. Véronique se bat surtout contre le projet immobilier qui risque de "dénaturer" le hameau dans lequel elle vit. De son côté, le bourgmestre justifie ses choix et évoque une contestation alimentée par des "écologistes radicaux". 

Depuis de nombreux mois, Véronique mène une bataille acharnée pour préserver son coin de campagne, le hameau de Velaine. Un endroit verdoyant et paisible situé sur les terres de la commune d’Andenne, dans la province de Namur. "C’est un quartier très familial. Beaucoup de maisons sont transmises d’une génération à l’autre parce qu’il fait vraiment bon vivre ici", assure cette mère de famille de 54 ans. 

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Mais cet espace de vie agréable est menacé, selon elle, par un nouveau projet immobilier. "Depuis l’annonce de ce projet en novembre dernier, je n’ai plus que ça en tête. Les espaces verts disparaissent au profit des immeubles, qui ne se vendent pas. C’est désespérant", déplore Véronique qui a décidé de dénoncer, via notre bouton orange Alertez-nous, l’"urbanisation de masse" dans sa ville. 

Nous sommes dans un endroit vert et ils le veulent le dénaturer

Le projet à Velaine consiste à construire 19 logements dans une prairie située au cœur du hameau. "C’est un pré familial. Un membre de la famille a racheté ce terrain. Il s’agit d’une architecte qui s’occupe elle-même de ce projet démesuré avec un entrepreneur. L’objectif est de bâtir 7 maisons et 12 appartements avec 59 places de parking dans une prairie de 73 ares", détaille Véronique.

Pour la quinquagénaire, ces nouvelles constructions vont complètement gâcher le paysage. "C’est hyper moderne comme habitations. Ce sont des cubes blancs et bruns. Alors que les maisons du hameau datent du 19è siècle avec des pierres. L’une d’entre elles, une ancienne fermette, pourrait même être classée. Nous sommes dans un endroit vert et ils le veulent le dénaturer", déplore-t-elle. 

Ma voisine aura une vue directe sur les immeubles

Véronique assure que la majorité des habitants du hameau est impactée. "Ma voisine, qui est veuve à 54 ans et vit avec son fils, aura une vue directe sur les immeubles depuis sa terrasse. Elle n’aura plus d’intimité alors qu’elle bénéficie d’une magnifique vue sur la prairie. Cela impacte vraiment tout le monde et une quinzaine de maisons sont touchées de plein fouet", assure-t-elle. 

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Au-delà de l’aspect visuel, la quinquagénaire épingle d’autres problèmes. "L’accès sera compliqué. La voirie est étroite, même pas 3 mètres. Ce n’est pas possible de passer facilement avec deux voitures. C’est très dangereux. Alors imaginez avec 50 voitures supplémentaires pour tous ces nouveaux logements. Sans parler de la nuisance sonore. Toutes les maisons du hameau seront dévalorisées", craint l’habitante.  

Lors du premier dépôt de permis d’urbanisme par le promoteur en décembre dernier, le projet comportait 22 logements. Véronique a pu alors consulter le dossier qui, selon elle, présentait des failles. "J’ai vu qu’il a essuyé un avis défavorable de la région wallonne car la prairie se trouve dans une zone de ruissellement. Déjà aujourd’hui, mes canalisations ne suivent pas quand il pleut abondamment. Et pourtant la parcelle est végétalisée. Ce qui absorbe l’eau. Imaginez si on bétonne la prairie. Cela va créer un risque d’inondation pour les maisons en contrebas", souligne l’habitante qui envoie une première lettre de contestation à ce moment-là. 

Une pétition en ligne et 49 lettres de contestation 

"Et je ne suis pas la seule. Au total, 49 lettres ont été envoyées et une pétition en ligne contre ce projet immobilier a récolté près de 300 signatures", se réjouit Véronique. 

Parmi les signataires, Rudy confie les raisons de son opposition : "J’habite le hameau de Velaine. Je ne veux pas voir détruire cette parcelle de nature. Mon jardin aura une vue sur ces bâtiments, inappropriés à l’endroit. Petit hameau paisible ne doit pas devenir une cité".

Pour Séverine une autre habitante du quartier, l’endroit "n’est pas approprié pour accueillir autant de personnes et de véhicules dans un si petit espace". "Je veux garder notre rue calme et sécurisé pour nos enfants", ajoute-t-elle. 

D’après Véronique, qui suit la situation de près, le projet a été retiré fin janvier avant un nouveau dépôt à l’urbanisme fin mai. "J’ai à nouveau consulté le dossier. Seul changement, une lignée de 3 appartements en moins. C’est donc quasiment la même chose. La surface occupée reste identique. Et l’architecte a juste effectué quelques modifications, comme des toitures végétalisées. C’est n’importe quoi. J’ai donc envoyé une nouvelle lettre de contestation début juin lors de la période de consultation publique", explique-t-elle. 

Un projet "minuscule" sur un terrain à bâtir, selon le bourgmestre 

De son côté, le bourgmestre d’Andenne apporte un point de vue totalement différent. D’après Claude Eerdekens, il est question d’un projet "minuscule" qui ne présente pas de "nuisances objectives". 

"Il s’agit d’un terrain à bâtir sur lequel la propriétaire voudrait construire des immeubles de deux étages avec 12 appartements ainsi que sept maisons mitoyennes dont la hauteur ne dépassera pas celle des maisons existantes. Ce ne sont pas des hautes tours. Ces logements se trouvent en contrebas sur un terrain", explique le maïeur. 

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Le bourgmestre balaie ainsi les arguments des habitants qui craignent un impact négatif sur le paysage actuel. "Dans ce hameau, il y a une partie ancienne avec de belles maisons, mais à côté il y a également des maisons quatre façades. Et les anciennes maisons ne sont pas contrariées par ce projet qui est esthétiquement bien pensé", assure Claude Eerdekens. "C’est vraiment un beau projet visuellement. Ce sera construit en contrebas sur un terrain fortement en pente. Il n’y aura donc pas de vue embarrassante", ajoute-t-il.

Le bourgmestre insiste d’ailleurs sur le fait que, suite à de légères modifications, tous les avis sont désormais positifs.  

Ce projet est contesté par des personnes qui ne veulent pas de voisins

Mais qu’en est-il des nombreuses lettres de contestation envoyées par les riverains ? Pour le maïeur, elles ne sont pas recevables. "Même s’il n’y avait qu’une lettre valable, elle vaut mieux que 49 lettres qui ne sont pas valables. Ce qui compte c’est la pertinence de l’opposition", estime Claude Eerdekens. Et d’après lui, les motivations des opposants à ce genre de projet immobilier ne sont pas pertinentes. "Ce projet est contesté par des personnes qui ne veulent pas de voisins. Mais ça, ce n’est pas possible". 

Cette réaction ne devrait pas surprendre Véronique. "Le bourgmestre mène vraiment une politique d’urbanisation catastrophique, malgré une forte mobilisation citoyenne. Plusieurs projets sont contestés. Notamment un projet de 39 appartements près du centre-ville à Andenne. Et surtout le projet d’urbanisation d’envergure de la plaine d’Anton, le poumon vert de notre ville", précise la quinquagénaire, membre d’une association qui souhaite protéger cette zone naturelle. 

Où va-t-on loger les gens ? Il existe un déficit de logements

Claude Eerdekens justifie cette urbanisation par un besoin de logements : "Actuellement, à Andenne, il y a 6 maisons et 10 appartements à louer et le nombre de biens à la vente diminue. Il existe un déficit de logements disponibles. Des personnes ne savent pas où se loger". Concernant les contestations, le bourgmestre assure que seuls trois projets ont été contestés sur six ans. "C’est donc relatif. Et le projet SOL, de la plaine d’Anton, c’est un projet d’envergure sur une propriété communale de 50 hectares", assure-t-il. 

Pour lui, tous ces opposants sont contre les bâtisses de manière générale. "Ils sont animés par des écologistes radicaux qui ne veulent aucune construction en Wallonie. Ils sont partisans de la rénovation des biens. Mais où va-t-on loger les gens ? Moi je prends mes responsabilités en tant que bourgmestre", estime Claude Eerdekens. 

Véronique doute pourtant du manque de logements disponibles. "C’est n’importe quoi. Sur la grande route un peu plus loin, il y a des appartements en vente depuis deux ans", s’exclame-t-elle.

Que faire si le permis d'urbanisme est octroyé? 

Actuellement, le dossier de demande de permis pour le projet Velaine se trouve entre les mains du fonctionnaire délégué qui doit remettre son rapport en septembre. La ville prendra ensuite sa décision. "Cela nous arrive de refuser des permis quand il y a un problème, mais ici ce n’est pas le cas. A priori la délivrance du permis est inéluctable", anticipe le bourgmestre.

Il ne restera plus que la possibilité de contester le permis d’urbanisme en introduisant un recours devant le Conseil d’Etat. "On est vraiment contre ce projet et nous sommes prêts à aller jusqu’à le contester devant le Conseil d’Etat", prévoit Véronique.  

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