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"La Région bruxelloise souhaite utiliser le parking situé entre le Boulevard Henri Simonet et la Route de Lennik pour développer une gare internationale de bus mais les habitants du quartier s’y opposent", nous a écrit un habitant d’Anderlecht via le bouton orange Alertez-nous.
Benoît, 60 ans, habite depuis déjà deux ans dans le quartier "Erasmus Gardens", un nouveau complexe de logements, situé en plein cœur d’Anderlecht. Ce quartier est au centre d’un tissu économique actif composé d’un centre commercial, de l’hôpital Erasme, de la faculté de Médecine de l’ULB, d’une école, d’une maison de repos ainsi que d’infrastructures sportives. Benoît le décrit comme "calme et en pleine phase de développement". Il recevra à terme 3000 nouveaux habitants pour devenir un quartier résidentiel. Ce que Benoît apprécie tout particulièrement, ce sont les espaces verts du quartier. "J’étais l’un des tous premiers à y habiter", se remémore-t-il avec nostalgie.
Projet d'installer un gare internationale de bus sur le parking Lennik
A quelques mètres de son habitation se trouve un terrain loué par l’hôpital Erasme et appartenant à la Région bruxelloise. Ce site est actuellement utilisé comme parking, "le parking Lennik". Dès la fin du contrat prévue pour 2023, la Région souhaite se le réapproprier pour y installer une gare internationale de bus. Une décision prise par la précédente législature du gouvernement bruxellois en novembre 2018. Ce projet a pour objectif de désengorger la gare de bus dans la rue de France, proche de la gare du midi et celle proche de la Gare du Nord. La proximité avec le ring et d’une station de métro ont fait pencher la balance pour le choix du site.
Un projet contesté par les habitants des quartiers adjacents et de la commune d'Anderlecht
Ce projet de construction inspire des craintes parmi certains habitants. "La commune d’Anderlecht a du mal à gérer ces quartiers, on craint donc que la Région ne mette pas suffisamment de moyens pour assurer la sécurité et la propreté du terrain", affirme Benoît qui ne comprend pas le choix du site.
Pour relayer les inquiétudes des habitants, il existe actuellement 3 comités de quartier : celui du "Erasmus gardens" dont Benoît fait partie, celui du quartier "Chaudron" et de "Neerpede Blijft". Ils ont lancé une pétition "Stop à la gare des bus", qui a récolté près de 650 signatures jusqu'à présent. "Cette gare internationale des bus va à l’encontre des tendances de durabilité : détérioration de la qualité de vie des habitants ; promotion d’un mode de transport de passagers par des sociétés privées au dépend du transport via le rail et risque de pollution sonore et de l’air (…)", peut-on ainsi lire.
La commune d’Anderlecht s’oppose également au projet. En mars dernier, elle a proposé une solution alternative : le boulevard industriel au lieu du site Erasme. "On pense que les nuisances qu’une gare de bus peut générer seraient moins importantes à cet endroit", explique le bourgmestre d’Anderlecht, Fabrice Cumps qui rappelle que les quartiers autour du site Erasme sont de plus en plus résidentiels. "Je suis d’accord avec le principe d’installer une gare de bus mais ce n’est pas du tout opportun de la construire à cet endroit. Je suis sur la même longueur d’onde que les habitants", avance-t-il.
La proposition a néanmoins été écarté par la ministre Elke Van Den Brandt en raison de l’absence d’une ligne forte de transports en commun et du manque de connections reliant zone industrielle au centre-ville. "C’est justement l’un de mes autres combats. On souhaiterait une ligne de tram sur ce boulevard entre la gare du midi et le ring. Cela permettrait de desservir ces nouveaux quartiers et les nouvelles écoles", réagit Fabrice Cumps.
Aucune avancée sur le dossier
A ce jour, les habitants ignorent si le projet va se concrétiser mais ils souhaitent tout mettre en œuvre pour empêcher sa réalisation. "Mieux vaut prévenir que guérir car lorsque la décision sera prise, il sera plus difficile de faire marche arrière", rétorque Benoît.
Contactée par nos soins, la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt a souhaité répondre à ces inquiétudes. "La priorité en matière d’accueil des autocars de ligne est actuellement axée sur le choix d’un lieu autour de la gare du Nord pour anticiper la démolition du bâtiment CCN en mai 2021. Des contacts sont pris avec les opérateurs pour appréhender l’évolution du secteur qui a subi de plein fouet la crise du Covid et analyser au mieux l’évolution de leurs besoins tant pour ceux qui ont leurs arrêts Gare du Nord que pour ceux qui l’ont Gare du midi". Ainsi, rien n’est encore acté. D’après la ministre, de nouvelles discussions avec la commune d’Anderlecht doivent être entamées.