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Des tests géochimiques indiquent que 50 des 52 mégalithes de grès gris pâle de Stonehenge, connus sous le nom de sarsens, partagent une origine commune à environ 25 km, sur un site appelé West Woods, à la lisière de Marlborough Downs dans le Wiltshire, ont déclaré des chercheurs hier mercredi.
"Vraiment passionnant, nous avons une réponse à une question qui dérange les archéologues depuis près de 400 ans, à savoir d'où viennent les grosses pierres ici, des pierres de type sarsen. Depuis de nombreuses années, des gens disent qu’elles viennent probablement des Marlborough Downs, qui sont à environ 20 miles (32 km) au nord d'ici, où il y a des diffusions naturelles de sarsens, mais nous n'avons jamais été en mesure de dire exactement d'où nous pensons qu'ils viennent", explique le Dr Susan Greaney, historienne au English Heritage, à Reuters.
Un travail colossal de les transporter sur 25 km il y a 4500 ans
Les sarsens qui forment le cercle extérieur emblématique de Stonehenge y ont été érigés vers 2500 avant JC. "Chacune de ces pierres pèse en moyenne environ 20 tonnes, certaines jusqu'à 30 tonnes, et la plus longue mesure environ 9 mètres de long. Ce sont donc d'énormes pierres. Le processus consistant à les extraire du sol, à les mettre probablement sur des traîneaux en bois, à les faire glisser sur 25 km à travers une vallée, des collines, des pentes, des tourbières et toutes sortes de surfaces différentes a été une réalisation vraiment énorme. Et ça juste pour une pierre. Si vous pensez au fait qu’environ 80 pierres ont été apportées sur ce site. C'est un projet énorme", commente Susan Greaney.
Un coup de chance : un rare fragment de mégalithe est revenu au Royaume-Uni
Les plus petites pierres bleues de Stonehenge avaient déjà été attribuées au Pembrokeshire, au Pays de Galles, à 250 km. Mais l'origine des sarsens avait défié l'identification jusqu'à ce qu'un coup de chance ait vu un rare morceau de Stonehenge revenir au pays. Une carotte extraite lors de travaux de conservation à la fin des années 50, lorsque des tiges métalliques ont été insérées pour stabiliser un mégalithe fissuré, a fourni des informations cruciales. Cette carotte avec été donnée en souvenir à un homme du nom de Robert Phillips qui travaillait pour l'entreprise impliquée dans les travaux de conservation et était sur place pendant le forage.
Phillips l'avait emportée avec permission lorsqu'il a émigré aux États-Unis en 1977, vivant à New York, dans l'Illinois, en Californie et enfin en Floride. Phillips avait décidé de la renvoyer en Grande-Bretagne pour des recherches en 2018 et est décédé cette année-ci.
Les chercheurs ont pu analyser des fragments de cet échantillon rare, puisque des tests destructifs sur les mégalithes du site sont interdits, afin d'établir l'empreinte géochimique du sarsen d'où il a été prélevé. Résultat : il correspondait au grès de West Woods et à tous les sarsens de Stonehenge sauf deux.
Comme une empreinte digital
"La science derrière tout cela est assez simple dans un sens parce que ce que nous faisons est un simple cas d'empreinte digitale. Nous prenons des pierres à Stonehenge même et nous en travaillons la géochimie. Pour cela, nous mesurons tous les petits oligo-éléments qui se trouvent dans la pierre. Maintenant, les sarsens sont une pierre vraiment difficile à travailler car il contient 99% de silice et la silice est un minéral assez omniprésent", explique le professeur Tim Darvill, archéologue de l'Université de Bournemouth.
Un pas de plus vers la compréhension du lieu mythique
Parmi les monuments les plus reconnaissables de Grande-Bretagne, les pierres dressées attirent des touristes du monde entier ainsi que des personnes à la recherche de liens spirituels avec le passé. Leur objectif exact reste inconnu des scientifiques.
"Déterminer d'où viennent les pierres n'est pas nécessairement la même chose que résoudre le grand mystère de Stonehenge et c'est peut-être quelque chose qui ne sera jamais résolu, mais cela nous amène certainement à un autre pas sur la route", a ajouté Darvill.