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Comme chaque année le 8 août, le bois du Cazier rend hommage aux 262 victimes de la plus grande catastrophe minière survenue en Belgique. Seuls 13 hommes ont survécu. Et pour la première fois depuis le début des commémorations, les rescapés ont été mis à l'honneur.
Il y a 68 ans, le 8 août 1956 à 8h10, un incendie s'est déclaré dans une des galeries du bois du Cazier. 275 mineurs sont descendus ce matin-là. 262 ont perdu la vie. Treize ont pu regagner la surface ou être secourus.
Des survivants qui ont vécu toute leur vie avec le poids de la culpabilité. Le grand-père de Patricia évoquait souvent son collègue qui n’a pas pu monter à temps dans la cage qui les a ramenés à la surface.
Elle raconte: "Il ne parlait pas beaucoup de la catastrophe. Le seul sujet qui revenait, c'était le fait qu'il ait laissé son copain dans la mine alors que lui a pu remonter. Ça l'a suivi toute sa vie. Il se réveillait souvent en pleine nuit, en cauchemardant, en se rappelant."
Carlo Fontaine n'est d'ailleurs jamais retourné dans une galerie après l'accident. Certains des rescapés l'ont fait. Pour lui, "ce n'était pas envisageable", se souvient sa petite-fille: "À toute personne qui lui posait la question de redescendre dans la mine, il a toujours dit non. C'était aller à la mort."
Patricia aura ces mots très forts à propos des rescapés: "Ils ont eu la chance et la malchance de survivre."
"J'ai appris des choses grâce au bois du Cazier"
Le sujet étant "presque tabou" dans sa famille, Patricia explique "avoir appris des choses sur (son) grand-père grâce au bois du Cazier (NDLR: au musée)". Pour autant, cette Carolo ne se rendait pas souvent sur les lieux.
La raison: elle regrette que les 13 survivants fassent figure d'oubliés. Mais cela est sur le point de changer. Pour la première fois depuis 68 ans, le bois du Cazier les met à l'honneur. Sur le site, une exposition visible jusqu’à la fin de l'année leur est même consacrée.
C'est important pour cette petite-fille de mineur: "Tout a toujours tourné vers les 262 décédés et je comprends tout à fait, mais les 13 rescapés ont aussi fait partie de la catastrophe et on les a un peu oubliés, j'ai l'impression." Elle dit maintenant ressentir un nouveau lien avec l'endroit et pense s'y rendre plus fréquemment.