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Présidentielle: les agriculteurs très convoités, polémique sur McKinsey

Ils ne forment plus qu'1,5% de la population active en France mais constituent un électorat clé: les candidats à la présidentielle ont multiplié mercredi les marques d'empathie envers les agriculteurs, à un moment où la question de la souveraineté alimentaire revient en force avec la guerre en Ukraine.

Dans le même temps, l'opposition, RN en tête, a dénoncé un "scandale d'Etat" concernant la forte hausse des contrats de l'exécutif avec des consultants privés depuis 2018, en particulier le cabinet américain McKinsey.

Une polémique qu'a tenté de déminer dès mercredi soir le camp du président-candidat à seulement 11 jours du premier tour: deux ministres ont organisé une conférence de presse pour affirmer que le gouvernement n'avait "rien à cacher", dénonçant des "récupérations politiques et même des manipulations grossières".

Pour le "grand oral" devant 1.500 agriculteurs sous les auspices du principal syndicat agricole, la FNSEA, six candidats sur 12, dont Valérie Pécresse (LR), Marine Le Pen (RN), Eric Zemmour (Reconquête) ou le communiste Fabien Roussel, avaient fait le déplacement à Besançon.

D'autres, notamment à gauche comme Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS) ou Yannick Jadot (EELV), ont fait l'impasse, se faisant fortement huer quand le speaker a annoncé qu'ils avaient décliné l'invitation.

Emmanuel Macron, pris mercredi par un Conseil de défense suivi d'un Conseil des ministres, avant un nouveau déplacement de campagne jeudi en Charente-Maritime, s'est adressé à cette réunion par visioconférence dans un message enregistré mardi à son QG de campagne.

- "Mission nourricière" -

"Mener les transitions (écologiques) est nécessaire mais ça ne doit pas nous faire perdre de vue notre mission nourricière", a déclaré Emmanuel Macron, qui est favori des agriculteurs pour le premier tour, plaidant pour une "réconciliation" entre agriculture et écologie.

Pour sa part, la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, en deuxième place dans les sondages d'intentions de vote derrière M. Macron, a défendu la "souveraineté" du pays et s'est montrée à l'offensive contre les "billevesées des écolos" ou encore la Commission européenne et l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) "qui entravent toute réaction efficace à la crise en cours".

Mme Pécresse a de son côté promis qu'il n’y aurait pas de "décroissance agricole" car "nous avons besoin d’une agriculture productive".

Son rival Eric Zemmour, avec qui elle est au coude-à-coude dans les sondages, a insisté sur le mode de vie "malmené" des agriculteurs par "l'arrogance parisienne et l'idéologie européenne".

Jouant de l'absence de ses rivaux à gauche, le communiste Fabien Roussel a été copieusement applaudi par un auditoire traditionnellement plutôt à droite.

Quant à l'iconoclaste Jean Lassalle, il était en terrain conquis: "les agriculteurs ne sont pas les ennemis, ce ne sont pas eux qui polluent, et au moins ils ne mentent pas comme nous les politiques", a-t-il dit.

- "Très loin de la réalité" -

Dans la dernière ligne droite de cette campagne atypique, l'attention allait crescendo dans l'affaire "McKinsey", du nom du cabinet de conseil américain sous le feu des projecteurs depuis la parution d'un rapport du Sénat.

Le sujet est politiquement sensible pour l'exécutif et, surtout, le président sortant, avec une étiquette de "président des riches" qui a pollué le début de son mandat. "On a l'impression qu'il y a des combines, c'est faux. S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal", avait-il lancé dimanche sur France 3.

Les ministres des Comptes Publics Olivier Dussopt et de la Fonction publique Amélie de Montchalin ont renchéri.

"Nous ne pouvons pas tolérer que depuis quelques jours, ce rapport (...) soit détourné. Un milliard ceci, un milliard cela : on est très, très loin de la réalité", a insisté Mme de Montchalin. Elle a également annoncé que l’Etat allait "réduire d’au moins 15% (...) son recours aux prestations de conseils externes".

L'affaire intervient au moment où l'écart se resserre dans les sondages entre Emmanuel Macron, autour de 28% des intentions de vote au premier tour, et ses poursuivants immédiats.

Et les électeurs indécis ou tentés par l'abstention sont particulièrement courtisés. Marine Le Pen et Eric Zemmour ont appelé à aller voter le 10 avril, dans des vidéos publiées sur leurs réseaux sociaux.

La candidate du RN, qui avait échoué aux régionales de juin en raison notamment de l'abstention des classes populaires et des jeunes, au cœur de son électorat, a appelé à reprendre "le contrôle sur ceux qui nous gouvernent". "La reconquête ne se fera pas sans vous", a affirmé son concurrent d'extrême droite.

Le débat d'entre-deux-tours entre les deux finalistes a été fixé au 20 avril à 21H00.

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