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Présidentielle: ça se joue... maintenant

Deux semaines pour convaincre: la campagne présidentielle est entrée vendredi dans sa dernière ligne droite, avec un week-end de meetings prévus tous azimuts, dans un climat de profonde incertitude des Français en pleine guerre en Ukraine.

Jamais sans doute sous la Ve République, campagne présidentielle n'aura été aussi atypique dans un contexte de crise sanitaire puis de guerre sur le continent européen, en Ukraine.

La campagne a eu du mal à démarrer et les candidats à la présidentielle ont été à la peine pour faire entendre leur voix face à un président sortant qui s'est déclaré tardivement. Emmanuel Macron demeure largement favori du premier tour, selon les sondages d'intentions de vote.

Mais à 16 jours du scrutin, le 10 avril, rien n'est encore joué et les lignes peuvent encore bouger tant les Français apparaissent hésitants ou en retrait d'une campagne qui aura peu mobilisé jusqu'ici.

Et ils se disent, selon les enquêtes d'opinion, surtout préoccupés par leur pouvoir d'achat sur fond de flambée des prix du carburant ou alimentaires.

"Guerre en Ukraine, absence de débat, sentiment aussi -et les sondages jouent un rôle- que les choses sont jouées, qu'il n'y a pas beaucoup de suspense, tout ça mis bout à bout n'est pas de nature à mobiliser les foules", souligne à l'AFP Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de BVA Opinion, en parlant d'"un sentiment de malaise des électeurs" et d'une "campagne à bas bruit".

Pour cette experte, "tout laisse à penser que c'est dans cette dernière ligne droite que les choix vont se cristalliser".

- "Sur le pont" -

Son entourage le dit et commence même à s'inquiéter: Emmanuel Macron, accaparé par le conflit en Ukraine, fait à peine campagne. Le chef de l'Etat se trouvait encore à Bruxelles vendredi où il participe à un sommet de l'Union européenne consacré à la guerre en Ukraine, réunion qui a pris beaucoup de retard.

Balayant les accusations disant qu'il veut enjamber le rendez-vous de la présidentielle, la majorité n'a de cesse de répéter qu'il sera président jusqu'au dernier quart d'heure et explique sa présence réduite dans la campagne par ce contexte international hors norme.

"Il y a une situation internationale particulièrement grave. Il faut qu'il soit sur le pont pour protéger les Français (...) dès qu'il le peut, il est aussi candidat", a déclaré la ministre du Travail Elisabeth Borne, vendredi sur Europe 1.

Pas de déplacements, pas de bains de foule, pas de débat télévisé: cela ressemble à du service minimum pour le président-candidat, en tête dans les sondages, à quelque 30% des intentions de vote au premier tour, même si une légère érosion est constatée ces derniers jours. Il devance la candidate du RN Marine Le Pen, qui est créditée autour de 20% et bénéficie d'une dynamique ascendante, en vue d'un possible remake de la présidentielle de 2017.

- Visite agitée pour Zemmour -

Les quatre principaux candidats à gauche, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel tiennent eux des meetings ce weekend. Le leader de LFI espère surfer sur une bonne dynamique qui le porte actuellement à la troisième place. Les autres souhaitent se maintenir à flot.

Après le succès de sa marche parisienne le weekend dernier, le candidat Insoumis s'apprête à récidiver dimanche lors d'un meeting à Marseille qui devrait lui aussi attirer les foules, sur la plage du Prado.

M. Mélenchon est le mieux placé à gauche - crédité d'entre 12,5 et 15% - et en appelle à la "responsabilité morale" des électeurs pour se hisser au second tour.

"La seule vraie question à mon sens aujourd'hui, c'est de savoir si, oui ou non, Jean-Luc Mélenchon peut créer la surprise. Sur le papier il pourrait", souligne encore Mme Zulfikarpasic jugeant toutefois que ce scénario "n'est pas le plus probable".

A droite et l'extrême droite, la candidate LR Valérie Pécresse, positive au Covid-19, a dû annuler plusieurs déplacements vendredi et samedi, elle qui comptait au contraire les multiplier pour mobiliser son électorat éclaté.

"Le contexte étant ce qu'il est ça n'arrange rien, dans une campagne qui est horriblement difficile", a reconnu vendredi Jean-François Copé sur RMC, parlant de "la difficulté" pour la candidate "à faire passer son message aux Français. Parce que aujourd'hui, ils ont la tête ailleurs".

Quant à Eric Zemmour, de plus en plus distancé, il espère réunir plusieurs dizaines de milliers de personnes au Trocadéro, dimanche à Paris, pour une "démonstration de force".

L'ancien polémiste a connu une matinée agitée visé par une bouteille d'eau, des projectiles et une série d'insultes lors d'une visite médiatique Porte de la Villette à Paris au milieu de toxicomanes et de migrants. "C'est apocalyptique, voilà ce que ce sera la France partout dans dix ans", a-t-il lancé devant le campement.

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