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"Pour nous, c'est un loisir": deux Belges viennent d'être sacrés champions du monde de... course de chien de traineau

Le week-end dernier, Gilles Olivier et Jonathan Benois ont remporté les titres de champion du monde et vice-champion du monde de course de chiens de traîneau.

"C'était encore inimaginable il y a un an" explique Gilles Olivier, toujours sous le coup de l'émotion. Ce week-end, il a été une nouvelle fois sacré champion du monde de mushing. À l'origine de ce sport, la pratique du chien de traîneau, qui est originaire des pays nordiques comme la Suède ou la Norvège. Le principe? Une course d'attelage chronométrée sur un parcours de 4 à 8 kilomètres dans la neige. "Pour un petit pays comme nous, ces titres sont une grande satisfaction", explique Jonathan, lui aussi ému.


Source: Facebook_Mushing Belgium

Une amitié née d'une passion commune

Cette année, Gilles et son ami Jonathan ont parcouru plus de 5.000 kilomètres en voiture pour rejoindre la compétition qui se déroulait à Östersund, en plein cœur de la Suède. Les deux amis originaires de Braine-le-Château, dans le Brabant wallon, représentaient ensemble l'équipe de Belgique. Tous deux reviennent avec une place sur le podium dans leur catégorie… une fois de plus. À 30 et 38 ans, les deux Belges disposent d'un palmarès impressionnant. Déjà champion du monde en 2019, Gilles Olivier vient tout juste de remporter son deuxième titre. Quant à Jonathan, médaillé d'argent lors de ces mondiaux, il compte à son actif 10 titres de champions de Belgique et a été sacré champion du monde en 2019.   

 "On leur donne tout, toute l'année, et ils nous le rendent bien"

Derrière cette avalanche de titres, des années de travail et une passion commune partagée par les deux hommes. "C'est par Jonathan que j'ai découvert ce sport" explique Olivier. "Je l'ai rencontré dans le cadre son élevage de Malamute. C'est un petit élevage, et il souhaitait garder contact avec ses chiots. Et c'est comme ça qu'il m'a introduit et initié à ce sport". De son côté, Jonathan pratique le mushing depuis dix ans. "J'ai commencé le mushing avec mes deux premiers chiens, des Malamutes. Je cherchais une activité à faire avec eux, car ce sont des chiens très sportifs". Il découvre alors le mushing. "Tout de suite, j'ai adoré" explique-t-il.

Depuis environ 5 ans, les deux amis se rencontrent régulièrement pour des entraînements et participent ensemble aux compétitions. Au-delà de leur passion du mushing, ce qui unit réellement les deux hommes est l'amour qu'ils vouent à leurs chiens.

Ils s'entraînent dans le bois de Hal, sur terre

"Ils sont comme mes enfants et il faut s'en occuper comme tel", plaisante Gilles. C'est avec ses deux chiens Malamutes, Thor et Maya, que Gilles Olivier a remporté la victoire. De son côté, Jonathan concourt avec un attelage de 4 chiens. Pour l'un comme pour l'autre, le mushing est une amitié entre chien et maître qui se vit au quotidien: "On partage énormément avec nos chiens et une très grande complicité" explique Jonathan, "On leur donne tout, toute l'année, et ils nous le rendent bien".

L'entraînement est exigeant et demande un investissement quotidien tant aux chiens qu'au musher. Deux à trois fois par semaines, Olivier et Jonathan s'exercent sans relâche pour atteindre l'excellence. Les deux amis se rendent tous deux au bois de Hal pour pratiquer leur sport sur terre. "Nous n'avons pas de neige en Belgique, nous devons nous entraîner différemment". 

C'est à l'aide de traîneaux équipés de roues, que les deux compères se préparent en vue de leurs prochaines compétitions. Les chiens s'entraînent ainsi à tirer sur plusieurs kilomètres une quinzaine de kilos, auquel vient s'ajouter le poids du conducteur.

Nous nous distinguons malgré nos conditions d'entraînements

Une préparation sportive  intense est ainsi nécessaire. "Un bon chien de traîneau doit être rapide et puissant, mais aussi intelligent" explique Gilles avant de poursuivre, "Pour les chiens à l'avant de l'attelage, il est important qu'ils obéissent rapidement aux ordres". Aussi, le reste du temps, les chiens de Gilles bénéficient une préparation mentale et physique toute particulière. Pour une préparation sportive optimale, il fait appel aux services d'une coach sportive et nutritionniste canine. "J'ai fait le choix de nourrir mes chiens exclusivement avec de la viande rouge et blanche", explique-t-il, "à cela j'ajoute aussi quelques légumes". Jonathan quant à lui, privilégie les croquettes.  

De plus, le mushing demande un investissement financier conséquent. D'après Gilles "si on compte l'achat du matériel, les soins vétérinaires et les déplacements, il faut entre 10.000 et 15.000 euros par an"

Tous ces frais, Jonathan et Gilles les prennent à leur charge. Les deux amis ont tous les deux une activité professionnelle et pratiquent leur passion sur leur temps libre. Olivier est boulanger-pâtissier, tandis que Jonathan exerce la profession de fossoyeur! "Pour nous, c'est un loisir", s'accordent les deux compères.

Une discipline très réglementée mais peu reconnue

Un hobby qui reste néanmoins difficile de pratiquer en Belgique. Premièrement, en raison des conditions climatiques peu propices à ce type de sport. Mais aussi car cette discipline en Belgique est fortement réglementée. D'après Rudiger De Pauw, secrétaire de la fédération belge de Mushing (MBEL), "en Belgique, il est interdit d'utiliser des chiens de traits excepté dans le cas d'une fédération comme la nôtre".

Une licence est également nécessaire afin de pouvoir pratiquer le mushing. Cette réglementation stricte s'explique par la volonté de préserver les chiens de certaines dérives. "Dans le monde du sport, il y a certaines pratiques qui ne devraient pas avoir lieu. Pour nous, le bien-être du chien passe avant tout", relativise Olivier.

Malgré toutes ces restrictions, "le mushing n'est pas reconnu comme un sport à part entière comme le football. Nous bénéficions simplement d'un régime d'exception" explique  Rudiger De Pauw. Aussi, il est difficile pour les compétiteurs d'obtenir des sponsorings et de poursuivre leur passion.

Mais le président de la fédération est optimiste. "Nous sommes sur le point d'être reconnu comme discipline olympique. Si nous y parvenons, la situation deviendra plus simple pour nos sportifs" explique Rudiger De Pauw.

Quant à Gilles Olivier et Jonathan Benois, les deux amis espèrent continuer sur leur lancée. "Nous nous distinguons malgré nos conditions d'entraînements" conclut Gilles.

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