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Religieuses et religieux des congrégations et instituts ont entamé mardi matin leur assemblée plénière à Lourdes destinée à examiner les préconisations du rapport choc de Jean-Marc Sauvé sur la pédocriminalité dans l'Eglise et à prendre des mesures de réparation pour les victimes.
Après les évêques catholiques en début du mois, 300 supérieurs majeurs, responsables ou autres délégués de congrégations, monastères, communautés, appartenant à la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) sont réunis pour quatre jours dans le sanctuaire des Hautes-Pyrénées
"Il revient à notre génération de prendre ses responsabilités. Aujourd’hui, c’est à nous, qui sommes à cet endroit, de le faire. Pleinement. Se décider à agir, avec modestie autant qu’avec détermination", a déclaré Véronique Margron, présidente de la Corref, lors de son discours d'ouverture, transmis à la presse.
"Il nous revient de faire ce qu’il faut faire maintenant. Être responsable, non en général, mais dans le plus singulier de l’histoire", a-t-elle dit, rappelant qu'en avril dernier, la Corref avait reconnu "la responsabilité collégiale (... ) de l'ensemble de la vie religieuse" dans les violences sexuelles.
Il s'agit désormais de "faire entrer la décision dans le réel et en suivre la mise en œuvre", a-t-elle déclaré, ce alors que la Corref est favorable à une justice réparatrice à destination des victimes, comportant plusieurs étapes, y compris une dimension financière.
L'assemblée plénière doit en particulier se prononcer sur la création d'une Commission indépendante de reconnaissance et de réparation (Cirr), financée par les instituts religieux. Cette instance devra offrir aux victimes une aide, notamment par une médiation, dans leur démarche de réparation.
"A nous, maintenant, de faire notre inventaire de ce qui doit être jeté, transformé, réformé, conforté. Pour sortir de l’imbroglio ceux que nous y avons condamnés", a lancé Mme Margron.
Les responsables de la Corref doivent aussi décider de la création d'un fonds subsidiaire, qui permettra de verser une indemnisation financière si l'institut incriminé a disparu ou est notoirement insolvable.
Lors de leur rencontre début novembre, les évêques ont reconnu la "responsabilité institutionnelle" de l’Eglise dans les actes pédocriminels et leur "dimension systémique". Ils ont aussi annoncé la création d'une Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr).
Publié début octobre le rapport Sauvé avait secoué toute l'institution en estimant à 330.000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l'objet de violences sexuelles depuis 1950, quand elles étaient mineures, de la part de clercs, de religieux ou de personnes en lien avec l’Église.