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Pâques sur écran au temps du coronavirus

C'est devant télévisions, tablettes et ordinateurs que catholiques et protestants célèbrent ce week-end Pâques, leur plus importante fête, la pandémie de coronavirus ayant conduit à l'annulation des processions et messes traditionnelles dans une grande partie du monde.

"Seigneur, ne nous laise pas dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, protège nous du bouclier de ton pouvoir", a murmuré le pape, lors du traditionnel rite du "Chemin de Croix" retransmis en Mondovision depuis une place Saint-Pierre vide de fidèles et faiblement éclairée par des lampions.

L'an dernier, François avait assisté à cette cérémonie avec 20.000 catholiques autour de l'amphithéâtre romain du Colisée somptueusement illuminé, comme c'était le cas depuis 1964.

Alors que le bilan mondial dépasse les 100.000 morts, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels, les chrétiens, comme la moitié de l'humanité, vivent à l'heure du confinement et ils suivront aussi de chez eux la messe de dimanche, qui clôt la semaine pascale.

Le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques, très sensible au sort des détenus, avait demandé cette année au milieu carcéral de rédiger le texte des "méditations" qui rythme les quatorze stations du Chemin de Croix.

Les prisons italiennes comptent désormais des dizaines de prisonniers et gardiens contaminés par le Covid-19, tandis qu'un deuxième prisonnier est mort vendredi.

Torches à la main, cinq personnes d'une prison de Padoue (nord de l'Italie) et cinq professionnels de santé du Vatican, dont deux portant des blouses blanches, ont fait lentement le tour de l'obélisque égyptien qui trône au milieu de place Saint-Pierre.

Avant de se diriger vers le pape, assis sous un auvent face à un "Christ miraculeux" d'une église de Rome, vedette en 1522 d'une procession de 18 jours pour juguler une peste ravageuse...

Les médecins, infirmiers, infirmières, soeurs, prêtres qui ont succombé au coronavirus sont "morts au front comme des soldats qui ont donné leur vie par amour", a décrit vendredi le pape sur une chaîne de télévision italienne, en notant qu'ils rejoignaient la liste des "crucifiés de l'Histoire".

- Bénédiction en hélicoptère -

Les prières se font désormais en famille, et les fidèles sont privés de communion, de baptême, voire de funérailles dans de nombreux pays. Pratiquement "un retour aux premiers temps du christianisme", qui se vivait discrètement dans la sphère privée, soulignent les historiens.

Dans le monde entier, le clergé se met à l'heure de la "distanciation sociale". A Panama, un archevêque avait adressé sa bénédiction du dimanche des Rameaux depuis un hélicoptère.

En Allemagne, une messe matinale oecuménique a été organisée vendredi dans le parking d'un cinéma "drive-in" à Düsseldorf et suivie sur les autoradios. Les prêtres se tenaient eux sur une petite estrade pour lire les textes sacrés, avant d'aller à la rencontre de plusieurs fidèles avec lesquels ils se sont entretenus, séparés par la vitre des voitures.

En République démocratique du Congo, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a évoqué "la grande frustration" des fidèles. Mais "malgré tout, Dieu veillera toujours sur nous", a-t-il dit.

En Espagne, qui est comme l'Italie parmi les pays les plus meurtris, la population a tiré un trait sur les célèbres processions de confréries retraçant les étapes de la Passion du Christ, une tradition populaire ancrée depuis le XVIe siècle.

- Podcasts pascals -

Quant à l'Eglise anglicane, elle a commencé la diffusion de podcasts pascals pour ses fidèles, dont une lecture de l'Evangile par le prince Charles.

Jusqu'à récemment, l'Eglise orthodoxe grecque a nié la possible propagation du coronavirus à travers la communion. Mais le gouvernement a interdit là-bas aussi les messes en présence de fidèles. A Pâques, que les orthodoxes fêteront une semaine plus tard, les églises de Grèce garderont donc portes closes.

Les autorités géorgiennes ont dû également appeler les croyants à prier chez eux face au refus persistant de l'Eglise orthodoxe de se plier au confinement.

Avec une soixantaine de morts, Israël célèbre aussi depuis mercredi dans une ambiance morose Pessah, la Pâque juive, qui rappelle l'Exode hors d'Egypte: le gouvernement a bouclé les villes pour empêcher les familles de se réunir.

L'épidémie se concentre en particulier dans les quartiers juifs ultra-orthodoxes, où les mesures sanitaires sont moins bien respectées, voire ignorées. Sur les 9.000 malades officiellement recensés, plus du tiers sont ainsi des ultra-orthodoxes, une minorité religieuse représentant 10% de la population.

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