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"La désinformation n'est pas toujours subtile", a noté ironiquement Ben Nimmo, directeur d'un des services de cybersécurité de Facebook, lors d'une conférence de presse mardi. "Cette campagne fonctionnait comme une laverie automatique", a expliqué le géant des réseaux sociaux. Un cabinet britannique de communication, Fazze, était chargé de diffuser le plus largement possible des articles trompeurs et pétitions sur différents forums et réseaux (dont Reddit, Medium, Change.org, Facebook, Instagram...), via des faux profils mais aussi des influenceurs.
C'est ce qui a précipité la détection de cette opération: en mai, plusieurs influenceurs français et allemands, actifs dans le domaine de la santé et des sciences, ont dénoncé des offres qu'ils avaient reçues pour dénigrer le vaccin Pfizer contre rétribution. "Incroyable. L'adresse de l'agence londonienne qui m'a contacté est bidon. Ils n'ont jamais eu de locaux là-bas, c'est un centre laser esthétique ! Tous les employés ont des profils LinkedIn chelous... qui disparaissent depuis ce matin. Tout le monde a bossé en Russie avant", avait ainsi raconté sur Twitter Léo Grasset, vulgarisateur scientifique comptant 1,17 million d'abonnés à sa chaîne Youtube.
Au final, la plupart des contenus postés sur Instagram - ciblant principalement l'Inde et l'Amérique latine - n'ont reçu "aucun like", a précisé Facebook. "C'est tombé à plat", a souligné Ben Nimmo. L'agence Fazze est désormais bannie de la plateforme. "C'était une campagne bâclée, mais le procédé était sophistiqué", a détaillé Nathaniel Gleicher, le directeur des règlements sur la sécurité de Facebook. "Il y avait du spam, des influenceurs, du piratage de documents. (...) Donc c'est plus difficile pour une seule plateforme d'appréhender ce genre de campagne dans son entièreté", a-t-il ajouté, appelant toute la société civile (académiques, journalistes, autorités) à se mobiliser aux côtés des réseaux en première ligne. Facebook met en avant ses efforts contre la désinformation depuis des années. Le groupe californien est régulièrement accusé de contribuer à la diffusion massive de désinformation. Le mois dernier, le président américain Joe Biden a même estimé que Facebook et d'autres plateformes "tuaient" des gens en laissant circuler de fausses informations sur la vaccination contre le Covid.
Le 19 juillet, Joe Biden était revenu sur ses propos très vifs pour les préciser: "Facebook ne tue pas les gens", avait-il déclaré, dénonçant les fausses infos diffusées par les utilisateurs qui peuvent "faire du mal à ceux qui les écoutent" et "tuer des gens".