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New Areva, société recentrée sur le cycle du combustible nucléaire, va se rebaptiser Orano afin de tourner la page de la difficile restructuration d'Areva et se développer en Asie ainsi que dans les services.
"Orano symbolise un nouveau départ", a souligné mardi son directeur général, Philippe Knoche, en dévoilant la nouvelle marque dont le lancement doit coûter moins de 5 millions d'euros. Orano - jusqu'à présent New Areva - est l'une des entités issues du sauvetage et de la réorganisation de l'industrie nucléaire française par le gouvernement.
L'entreprise, dont l'Etat est toujours actionnaire, est désormais recentrée sur le cycle du combustible nucléaire: mines, enrichissement de l'uranium, recyclage des combustibles usés, logistique, démantèlement et ingénierie.
L'ancienne activité réacteurs d'Areva (Areva NP), qui vient d'être rebaptisée de son ancien nom, Framatome, est pour sa part passée sous le contrôle d'EDF en début d'année.
La holding Areva SA conserve aussi quelques activités dans son giron: il s'agit essentiellement du difficile chantier de l'EPR d'Olkiluoto 3 en Finlande, qui connaît d'importants retards et surcoûts.
Seule cette dernière devrait conserver le nom d'Areva, groupe né en 2001 de la fusion de Framatome (Franco-Américaine de Constructions Atomiques) et de la Cogema (Compagnie générale des matières nucléaires). Areva devait son nom à une abbaye cistercienne espagnole, Arevalo.
Le nouveau nom d'Orano, choisi parmi les 200 présentés à la direction par un cabinet spécialisé est censé refléter le recentrage du groupe.
Il s'inspire du grec Ouranos et du latin Uranus, des divinités ayant donné leur nom à la septième planète du système solaire, qui est à son tour à l'origine du mot uranium. La couleur du logo, en forme de cercle, est jaune en référence au yellowcake, un concentré d'uranium.
- Asie et services -
Parallèlement au nouveau nom, Philippe Knoche a présenté ses ambitions stratégiques, avec également l'objectif de 250 millions d'économies annuelles d'ici 2020.
Orano veut déployer ses activités notamment en Asie avec l'"ambition d'y atteindre 30% de notre chiffre d'affaires" d'ici 2020, contre un peu plus de 20% aujourd'hui, a-t-il indiqué.
Il ambitionne aussi d'avoir un flux net de trésorerie positif "dès cette année 2018 et chaque année qui vient".
A l'horizon 2020, Orano souhaite enfin employer la moitié de ses 16.000 salariés dans les services, contre environ 40% actuellement. C'est "un équilibre entre deux jambes", production et services, a souligné Philippe Knoche.
Le dirigeant en a aussi profité pour annoncer que le siège allait "quitter la tour Areva pour un bâtiment Orano où nous serions locataires à l'horizon 2019".
Le nouveau siège, qui restera localisé en région parisienne mais déménagera de La Défense à Châtillon (Hauts-de-Seine), permettra de ramener les dépenses immobilières de 15 à 5 millions d'euros.
Le nouveau nom est aussi une manière de tourner la page des problèmes d'Areva, qui avait pâti de choix stratégiques hasardeux mais aussi de la crise du nucléaire à la suite de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011.
L'entreprise a été sauvée au prix de milliards d'euros injectés par l'Etat et de milliers de suppressions d'emplois.
La restructuration est pour l'essentiel terminée et d'ailleurs "Orano va embaucher 700 personnes en France en 2018", a indiqué Philippe Knoche, interrogé dans la soirée sur France Info.
Le secteur reste toutefois dans une passe difficile: seuls quatre réacteurs ont démarré l'an dernier dans le monde et trois ont fermé. Le marché de l'uranium est tellement déprimé que plusieurs mines ont été mises à l'arrêt à travers le monde.
Pour se relancer, Orano a bénéficié d'un apport d'argent frais: 3 milliards d'euros au total, dont 2,5 milliards provenant de l'Etat français ainsi que 500 millions des sociétés japonaises Japan Nuclear Fuel Limited (JNFL) et Mitsubishi Heavy Industries (MHI) qui doivent être prochainement débloquées.
Le groupe espère aussi finaliser cette année un contrat géant estimé à au moins 10 milliards d'euros pour développer en Chine une usine de retraitement du combustible usé.
Philippe Knoche a fait état d'"une accélération des discussions" mais a souligné que l'avenir d'Orano ne dépendait pas entièrement de cette éventuelle signature: "On fait en sorte qu'un contrat ou l'autre ne soit pas une condition de survie".