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Les Etats-Unis savent inévitable une riposte d'Israël au lendemain de l'attaque par missiles balistiques de l'Iran, et disent même la soutenir, mais s'activent pour en cadrer la nature, mettant en garde contre toute action visant le nucléaire iranien.
Le président américain Joe Biden, qui a consulté mercredi ses pairs du G7, a clairement fixé une ligne rouge à Israël de ne pas s'en prendre aux installations nucléaires iraniennes, au lendemain du tir de près de 200 missiles iraniens vers Israël.
"Nous sommes d'accord tous les sept sur le fait que les Israéliens ont le droit de riposter, mais qu'ils doivent répondre de manière proportionnée", a-t-il affirmé, sans détailler les contours d'une telle réponse.
Chacun est conscient qu'une riposte qui viserait le nucléaire iranien ou les installations pétrolières plongerait le Moyen-Orient davantage dans le chaos, alors qu'Israël semble ne pas avoir encore pris de décision définitive.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a de son côté réuni ses homologues européens au sein du groupe des Cinq (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie), pour faire passer le même message, a indiqué le département d'Etat.
A Washington comme dans d'autres capitales, un sentiment d'inquiétude prévaut quant à savoir si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lui-même sous pression en Israël, ne sera pas tenté de taper plus loin et plus fort, et en découdre avec l'ennemi juré qu'est l'Iran.
Après avoir porté un coup sévère au groupe pro-iranien Hezbollah au Liban, en assassinant son chef Hassan Nasrallah la semaine dernière, et largement défait le Hamas à Gaza, jugera-t-il qu'il dispose d'une occasion unique?
C'est toute la question.
Mercredi, l'ancien Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a d'ailleurs appelé à une frappe décisive pour détruire les installations nucléaires de l'Iran.
"Ce serait faire preuve de myopie que de ne pas considérer ce moment comme une opportunité à saisir dans la lutte contre les ambitions régionales de l'Iran et de ses mandataires", écrit par ailleurs Frederick Kempe, directeur du cercle de réflexion Atlantic Council à Washington, en faisant référence à l'assassinat de Hassan Nasrallah.
- Eviter une guerre totale -
"Israël a bien sûr le droit de réagir et nous allons continuer à discuter avec lui de la forme que pourrait prendre cette réaction, mais nous ne voulons pas d'une action qui déboucherait sur une guerre régionale de grande ampleur", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller.
Il a démenti toute notion selon laquelle Washington n'aurait guère d'influence sur les décisions israéliennes.
Lors de la première attaque de l'Iran contre Israël en avril, que Téhéran avait quasi télégraphiée, Israël avait riposté avec des frappes limitées, grâce en partie aux pressions américaines, relève Sina Toossi, du cercle de réflexion Center for International Policy à Washington.
"Je constate un effort concerté de responsables américains et israéliens de minimiser cela dans une certaine mesure", avance-t-il même si l'attaque de mardi a été d'une autre ampleur avec l'usage de missiles balistiques.
A l'époque, le président Biden s'était empressé de joindre M. Netanyahu. Cette fois-ci, la Maison Blanche n'a pas fait état de tels contacts.
Interrogé à ce sujet mercredi, il a répondu: "Nous parlons aux gens de Bibi tout le temps", en utilisant le surnom du Premier ministre israélien.
"Et il n'est pas nécessaire de parler à Bibi. Je vais probablement lui parler assez rapidement, à mon avis."
Reste qu'après près d'un an de guerre dans la bande de Gaza, c'est bien Israël qui dicte le tempo, et Washington, son premier soutien politique et militaire, est dans la gestion de crise, à défaut d'user du levier des armes fournies à Israël.
"Tout va dépendre de la réponse d'Israël quant à savoir s'il décide d'une escalade majeure ou pas", dit Sina Toossi. Mais "on voit les deux parties prendre des risques considérables", ajoute-t-il.