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L'armée israélienne a indiqué avoir tué jeudi sept combattants palestiniens, au deuxième jour d'une large opération contre des groupes armés en Cisjordanie occupée, qui a fait au moins 16 morts en 48 heures, en marge de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Exprimant sa "profonde inquiétude", le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé jeudi sur X à la "fin immédiate" de cette opération, condamnant "fermement les pertes de vies humaines, notamment de mineurs".
Le bureau des affaires humanitaires de l'ONU, Ocha, a alerté sur la poursuite "d'opérations militaires à proximité des hôpitaux" et les "graves dommages" infligés "dans de nombreux endroits" aux infrastructures, coupant électricité et télécommunications.
L'armée israélienne a lancé cette opération qualifiée "d'antiterroriste" mercredi en envoyant ses colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, dans le nord de la Cisjordanie occupée, où les groupes armés en lutte contre l'occupation israélienne sont particulièrement actifs.
Après avoir alors fait état de neuf combattants tués, elle a affirmé jeudi en avoir tué sept autres: deux à Jénine et cinq retranchés "dans une mosquée" dans le camp Nour Chams de Tulkarem, parmi lesquels un commandant du Jihad islamique, groupe allié du Hamas qui a confirmé son décès.
Mais selon le gouverneur de Tulkarem, Mostafa Taqatqa, les cinq ont été tués "dans un tir de roquette sur une maison", sans combats.
Le ministère palestinien de la Santé a également recensé 16 morts, parmi lesquels, selon le Croissant-Rouge palestinien, figurent deux adolescents de 13 et 17 ans, qualifiés de "terroristes" par l'armée israélienne.
- "Pression sur la résistance" -
Des affrontements se sont poursuivis dans l'après-midi à Jénine, et des soldats israéliens ont continué d'opérer à Tulkarem, selon deux journalistes de l'AFP.
L'armée s'est par contre retirée du camp de réfugiés de Toubas, ont indiqué des témoins à l'AFP.
Israël "veut mettre la pression sur la résistance" mais chaque "escalade sioniste" la renforce, a affirmé à Toubas à l'AFPTV Mohamed Mansour, un responsable politique, après les funérailles de quatre des victimes.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, au moins 45 personnes ont été arrêtées depuis mercredi, l'armée recensant dix arrestations.
Les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. Mais elles sont rarement d'une telle ampleur.
Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, les violences en Cisjordanie ont flambé.
L'ONU a chiffré mercredi à au moins 637 les Palestiniens qui y ont été tués par l'armée israélienne ou des colons depuis le 7 octobre. Au moins 19 Israéliens parmi lesquels des soldats y sont morts dans des attaques palestiniennes ou des opérations de l'armée, selon les données officielles israéliennes.
- "Tout perdu" -
Dans la bande de Gaza, toujours pilonnée par Israël et livrée aux combats, la Défense civile a annoncé jeudi huit morts dans une frappe israélienne sur Gaza-ville (nord). Trois Palestiniens ont péri dans une frappe de drone à Rafah (sud), selon une source médicale à l'AFP.
L'armée israélienne a indiqué avoir, au cours des dernières 24 heures, tué des "dizaines" de combattants, dont l'un ayant participé à l'attaque du 7 octobre, selon elle.
Les troupes israéliennes poursuivent leurs opérations à Rafah, dans la région de Khan Younès (sud) et à la périphérie de Deir al Balah (centre), selon l'armée.
Des habitants déplacés sont rentrés jeudi dans certains secteurs orientaux de cette ville - après que l'armée a amendé un ordre d'évacuation qui les en avait chassés - pour trouver leurs maisons détruites.
"Nous avons tout perdu", se lamente Ibrahim al-Tabaan, qui tente de récupérer quelques biens dans les décombres.
- "Pauses" pour la vaccination polio -
Près de onze mois de guerre ont déplacé la plupart des 2,4 habitants du territoire palestinien assiégé, affamé et en proie à une grave crise sanitaire.
Seul lueur d'espoir: un responsable de l'Organisation mondiale de la Santé a annoncé jeudi que les autorités israéliennes avaient accepté une série de "pauses humanitaires" de trois journées chacune - à raison de plusieurs heures par jour - dans le centre, le sud et le nord de Gaza pour lancer dimanche la vaccination des enfants contre la polio, après l'annonce d'un premier cas confirmé.
Contactées par l'AFP, les autorités israéliennes n'ont pas commenté dans l'immédiat. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait indiqué dans la nuit qu'il ne s'agissait pas d'un "cessez-le-feu pour vacciner contre la polio mais de la mise à disposition de certains lieux" dans la bande de Gaza.
Pendant ce temps, les efforts des médiateurs entre Israël et le Hamas - Qatar, Egypte et Etats-Unis - pour arracher un cessez-le-feu à Gaza assorti de la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens restent sans succès.
L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.
Près de la frontière jeudi, des familles d'otages se sont rassemblées côté israélien pour lancer via des hauts-parleurs des messages de soutien à leurs proches, dans l'espoir qu'ils les entendent.
L'offensive militaire de représailles israéliennes sur la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a dévasté ce petit territoire et fait 40.602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. Selon l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.