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Un "tsunami d'antisémitisme" depuis le 7 octobre, s'alarme un responsable allemand

Un "tsunami d'antisémitisme" a déferlé en Allemagne depuis l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, a déclaré le commissaire du gouvernement chargé de la lutte contre l'antisémitisme dans un entretien avec l'AFP.

Cette attaque, qui a déclenché une guerre meurtrière à Gaza entre le Hamas et Israël, "a fait céder davantage les digues existantes dans notre société en matière d'antisémitisme", a jugé Felix Klein dans cet entretien.

Cela se reflète dans les statistiques de la police de 2023, qui font état d'environ 5.000 actes à caractère antisémite, dont "la moitié ont été commis après le 7 octobre".

L'"antisémitisme ouvert et agressif sous toutes ses formes" est en Allemagne et dans le monde "plus fort que jamais depuis 1945", a-t-il jugé.

Cela témoigne d'une "absurdité inquiétante" alors que le massacre du Hamas perpétré le 7 octobre dernier était le pire perpétré contre des Juifs depuis la Shoah, quand 6 millions de Juifs ont été exterminés sous le régime nazi.

Au total, 1.205 personnes, en majorité des civils, sont mortes lors de l'attaque du Hamas, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

L'Allemagne, qui a élevé l'existence d'Israël au rang de raison d'Etat en raison de sa responsabilité dans l'Holocauste, est l'un des plus fidèles soutiens, avec les Etats-Unis, d'Israël et de son droit à se défendre.

Mais le gouvernement de Benjamin Netanyahu s'est retrouvé sévèrement critiqué ces derniers mois, y compris par ces deux pays, alors que les bombardements israéliens lancés en représailles dans l'enclave de Gaza contrôlée par le Hamas ont fait 41.802 morts selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué une catastrophe humanitaire pour les habitants du territoire palestinien.

- "Haine des Juifs et d'Israël"

Felix Klein rappelle que l'antisémitisme était déjà "monté en flèche" avant même que l'armée israélienne ne lance son offensive à Gaza.

A "l'antisémitisme allemand classique d'inspiration de droite", s'ajoute aussi celui des milieux de gauche et islamistes, juge-t-il.

Il s'inquiète aussi d'"alliances entre différents courants", qui s'unissent "dans la haine des juifs et d'Israël", regrettant de constater chez les activistes climatiques ou chez les personnes transgenre "une minimisation" de la menace islamiste.

Les nombreuses manifestations de soutien aux Palestiniens en Allemagne, ou ailleurs, ont régulièrement omis de critiquer les exactions du Hamas le 7 octobre. Des tentatives d'attentats à caractère islamiste contre des Juifs ont aussi été déjouées, comme début septembre à Munich.

M. Klein considère néanmoins que l'Allemagne est plutôt "bien placée" dans la lutte contre l'antisémitisme. Il cite notamment une meilleure classification des infractions, l'introduction au niveau national de délégués à l'antisémitisme auprès de tous les parquets généraux et l'interdiction récente de l'organisation islamiste Samidoun.

La police, l'administration et la justice sont aussi désormais "mieux sensibilisées" aux délits à caractère antisémite, juge-t-il.

Il a appelé en revanche à davantage d'effort de prévention en milieu scolaire et universitaire, afin de lutter contre une "dégradation massive du discours".

Pour lui, la société civile allemande ne doit "permettre en aucun cas que les juifs soient rendus responsables de ce qui se passe au Proche-Orient".

Car comme toute forme de discrimination, l'antisémitisme est "un poison pour notre cohésion sociale".

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