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Trois journalistes ont été tués dans une frappe israélienne vendredi au Liban, le gouvernement dénonçant un "crime de guerre" au moment où Israël intensifie ses bombardements contre le Hezbollah tout en menant une offensive terrestre dans le sud du pays.
L'armée israélienne poursuit parallèlement son offensive dans la bande de Gaza contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, allié du Hezbollah et lui aussi soutenu par l'Iran, où des frappes aériennes ont fait au moins vingt morts, selon la Défense civile.
Au Liban, la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen a annoncé la mort d'un cameraman, Ghassan Najjar, et d'un ingénieur de radiodiffusion, Mohammad Reda, dans une frappe qu'elle a qualifiée de "délibérée contre une résidence de journalistes".
Ce bombardement est survenu pendant la nuit à Hasbaya, une localité du sud du Liban située dans une zone jusque-là épargnée, où les journalistes s'étaient installés avec d'autres équipes, selon des médias locaux.
Israël n'a pas commenté cette frappe qui, selon le ministère libanais de la Santé, a également fait trois blessés.
Mercredi, la même chaîne avait indiqué qu'une frappe israélienne avait touché un bureau qu'elle avait évacué à Beyrouth.
La chaîne du Hezbollah Al-Manar a également annoncé la mort à Hasbaya de son vidéojournaliste Wissam Qassem.
"L'ennemi israélien a attendu la pause nocturne des journalistes pour les surprendre pendant leur sommeil (...) C'est un crime de guerre", a déclaré le ministre de l'Information, Ziad Makari, sur X, précisant que 18 journalistes représentant sept médias étaient présents.
"L'ennemi israélien a visé le lieu de résidence des journalistes à Hasbaya", a affirmé un journaliste de la chaîne locale Al-Jadeed, filmé sur place le visage recouvert d'une couche de poussière grisâtre, devant son lit enfoui sous les décombres de son bungalow.
Des frappes ont également visé la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du Hezbollah, dont l'une a détruit deux bâtiments et provoqué un incendie, selon l'agence de presse libanaise Ani.
Les combats font rage pendant ce temps dans le sud du Liban, où l'armée israélienne a annoncé avoir perdu dix soldats en deux jours, soit 32 depuis le début de son opération terrestre le 30 septembre, selon un bilan établi par l'AFP.
La guerre dans la bande de Gaza s'est propagée depuis un mois au Liban, où Israël a lancé le 23 septembre une campagne de frappes aériennes massives contre le Hezbollah.
Israël affirme vouloir neutraliser le mouvement islamiste chiite dans les régions frontalières du sud du Liban et permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.
Au moins 1.580 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
L'ONU a recensé quelque 800.000 déplacés.
Frappes sur Gaza
Dans la bande de Gaza, une frappe israélienne a fait 14 morts et une autre a tué six personnes vendredi à Khan Younès, dans le sud du territoire, selon la Défense civile.
L'armée israélienne a indiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes depuis les airs et le sol et démantelé de nombreuses infrastructures terroristes".
Depuis le 6 octobre, Israël concentre son offensive principalement dans le nord du territoire palestinien, affirmant que les combattants du Hamas tentent de s'y regrouper.
Les pourparlers en vue d'une trêve pourraient reprendre après un appel lancé par les Etats-Unis à Israël, à saisir l'occasion créée par la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens le 16 octobre.
Les précédentes négociations indirectes menées sous l'égide du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, en vue d'un cessez-le-feu, n'ont pas abouti.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a promis d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a tué au moins 42.847 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
"Course contre la montre"
Le Hamas s'est dit "prêt à un arrêt des hostilités" mais a exigé d'Israël un "engagement à un cessez-le-feu", un "retrait de la bande de Gaza" et un "accord sérieux pour un échange" entre des otages israéliens et des prisonniers palestiniens détenus par Israël, selon un responsable du mouvement.
Ces conditions ont toujours été rejetées par Israël.
Après des discussions au Caire entre des responsables égyptiens et une délégation du Hamas, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, va envoyer au Qatar son responsable du renseignement extérieur, le Mossad, David Barnea, selon son bureau.
M. Barnea doit rencontrer dimanche le chef de la CIA, Bill Burns, et le Premier ministre qatari pour discuter des "différentes options pour reprendre les négociations sur la libération des otages", d'après la même source.
Le numéro un du Mossad s'est déjà entretenu avec des responsables égyptiens dans le cadre des efforts pour un "retour des négociations et pour un cessez-le-feu", selon la chaîne Al Qahera News, proche du renseignement égyptien.
La communauté internationale tente toujours de contenir une escalade militaire dans la région, alors qu'Israël a menacé de riposter à l'attaque de missiles lancée par l'Iran contre son territoire le 1er octobre.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a averti vendredi qu'une "course contre la montre" était engagée pour trouver une issue à la guerre au Liban et éviter un "embrasement généralisé".
Revenant de sa onzième tournée au Moyen-Orient, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, doit rencontrer le Premier ministre libanais, Najib Mikati, vendredi à Londres.