Partager:
Des centaines de personnes ont été évacuées samedi de zones proches de la frontière russe, dans la région ukrainienne de Kharkiv, au lendemain du lancement par la Russie d'une offensive terrestre face à laquelle Washington a débloqué une nouvelle aide à Kiev.
Les forces russes ont fait de petites avancées dans cette zone du nord-est ukrainien, dont elles avaient été repoussées il y a près de deux ans, les derniers d'une série de gains sur l'armée ukrainienne, à court de recrues et d'armements.
"Au total, 1.775 personnes ont été évacuées", a écrit le gouverneur de la région, Oleg Synegubov, sur les réseaux sociaux, ajoutant que la Russie avait procédé à des tirs d'artillerie et de mortier sur 30 localités de la zone ces dernières 24 heures.
"Nous devons interrompre les opérations offensives russes et reprendre l'initiative", a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, samedi.
Il avait fait état vendredi soir de "combats intenses" sur toute la ligne de front.
La région de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, est en grande partie sous contrôle des forces de Kiev depuis septembre 2022.
Une source militaire ukrainienne de haut rang a déclaré que les forces russes avaient avancé d'un kilomètre en Ukraine et tentaient de "créer une zone tampon" dans cette région et celle voisine de Sumy afin d'empêcher les attaques contre le territoire russe.
Les forces ukrainiennes ont multiplié les frappes à l'intérieur de la Russie et dans les zones d'Ukraine occupées par les Russes, en particulier contre les infrastructures énergétiques.
Samedi, les autorités installées par Moscou dans la région de Lougansk, occupée par la Russie dans l'est de l'Ukraine, ont annoncé la mort de trois personnes dans une attaque ukrainienne, menée avec des missiles de fabrication américaine, sur un dépôt pétrolier.
Le gouverneur, Leonid Pasechnik, a déclaré que la frappe avait "enveloppé le dépôt de pétrole dans les flammes et endommagé les maisons environnantes".
"Le bilan s'élève à trois morts et huit autres personnes sont hospitalisées", a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.
"Gains tactiques"
Depuis des semaines, des responsables ukrainiens avertissaient que Moscou pourrait tenter d'attaquer les régions frontalières du nord-est, en poussant son avantage, alors que l'Ukraine est confrontée à des retards dans l'aide occidentale et à un manque de combattants.
L'armée ukrainienne a déclaré avoir déployé davantage de troupes dans la région où, selon M. Zelensky, les forces ukrainiennes utilisent l'artillerie et des drones pour contrecarrer l'avancée russe.
"Des unités de réserve ont été déployées pour renforcer la défense dans cette zone du front", a déclaré l'armée.
L'Institut américain pour l'étude de la guerre (Institute for the Study of War) a estimé vendredi que la Russie avait réalisé des "gains tactiques significatifs", mais que l'objectif principal de l'opération était "d'attirer les capacités humaines et le matériel ukrainiens d'autres secteurs critiques du front".
Il ne semble pas s'agir d'une "opération offensive de grande envergure visant à envelopper, encercler et s'emparer de Kharkiv", a jugé l'ISW.
Après le déclenchement de l'attaque, Washington a annoncé vendredi une nouvelle aide militaire de 400 millions de dollars pour "porter assistance à l'Ukraine", alors que l'offensive russe va "s'intensifier", selon la Maison Blanche.
Washington s'efforce de rattraper les longs mois perdus pendant que le Congrès américain tentait de s'entendre sur l'assistance à apporter à Kiev et durant lesquels le flot d'armement et de munitions envoyé par les Etats-Unis s'était tari.