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Le 5 novembre prochain, les Américains ont rendez-vous avec leur avenir politique alors qu'ils éliront leur 47e président. Pour mieux appréhender les enjeux de cette élection présidentielle majeure, des experts des États-Unis nous éclairent sur les enjeux de ce scrutin. Nous sommes là pour vous donner les clés de la Maison-Blanche.
Il y a de cela plusieurs jours, Donald Trump a été reconnu coupable dans l'affaire qui l'oppose à Stormy Daniels. Pour rappel, il est poursuivi pour avoir dissimulé des paiements à cette actrice de films X, pour qu'elle garde le silence sur une relation sexuelle pendant la campagne de 2016.
Alors que la campagne présidentielle a déjà commencé, une première question se pose : est-ce que cette condamnation va l'empêcher de poursuivre sa campagne, ou d'être réélu président ?
Serge Jaumain, professeur d'histoire à l'ULB et grand spécialiste des USA, se prononce sur cette question. "Non, pas du tout. On peut être candidat à la présidence, on peut même devenir président des États-Unis en étant poursuivi, condamné ou même en étant en prison. On a toujours ce célèbre exemple en 1920 d'un socialiste qui s'est opposé à la Première Guerre mondiale et qui était condamné. Il a tout de même fait la campagne de 1920 à partir du pénitencier d'Atlanta et a récolté un peu plus de 3 % des voix. Finalement, il n'a pas été élu, mais il aurait pu. Donc rien ne s'oppose à ce que Donald Trump continue sa campagne".
Il explique également que l'une des interrogations est de savoir si cette affaire aura un réel impact sur le candidat. "C'est difficile à dire parce que pendant longtemps, tout le monde a pensé que l'impact serait considérable, dans le sens où on se rappelle des primaires et de la lutte entre Nikki Haley et Donald Trump, et un certain nombre d'électeurs de Nikki Haley laissaient entendre qu'ils ne voteraient jamais pour Trump, surtout s'il était condamné. Or là, les sondages qui viennent de sortir montrent qu'en réalité il y a un petit déplacement, c'est vrai, de voix, mais dans les deux sens. (...) Et donc finalement, je ne dirais pas que ça s'équilibre, mais l'impact est limité. Par contre, il faut toujours avoir en tête que l'élection va se jouer dans six États, ce qu'on appelle les 'swing states', où il faut quelques milliers de voix pour que l'État bascule d'un côté ou de l'autre, donc là, l'impact pourrait tout de même être important au final".
Au-delà de cette affaire, ce qui surprend surtout, c'est que Donald Trump survit à presque toutes les épreuves. Il a cette capacité à toujours se maintenir, comme le précise Serge Jaumain.
"Oui, c'est une bête médiatique et politique, avec une capacité de rebond assez impressionnante. (...) Il ne faut pas oublier qu'il y a trois autres procès qui l'attendent, mais qui auront probablement lieu après l'élection. Et malgré cela, il arrive à se maintenir, et même, je dirais qu'aujourd'hui, quand on regarde l'actualité des élections américaines, ce sont davantage les tribunaux qui en font partie que l'élection elle-même, ce qui est quelque chose d'inédit aux États-Unis à ce jour".
Si le candidat républicain est élu et donc devient président condamné, cela pourrait-il impacter son quotidien, notamment sa gestion du pays ? Selon Serge Jaumain, cela risque en effet.
"Il est très peu probable qu'il fasse de la prison. En revanche, il pourrait avoir une amende ou être condamné à des travaux d'intérêt général. Par contre, être condamné risque de poser un certain nombre de problèmes. Même s'il devait aller en prison, il pourrait toujours rester président des États-Unis. Forcément, les juristes s'arrachent les cheveux, car normalement, un ancien président doit être protégé, donc comment les services secrets vont-ils gérer cela ? Cela paraît complètement fou (...)."
Alors qu'il n'est pas le premier président des États-Unis à devoir faire face à un scandale, un élément interpelle avec Donald Trump. Pourquoi s'en sort-il mieux que les autres ? Comment parvient-il à se maintenir ? Selon le spécialiste, cela est notamment possible grâce à son électorat. "Sa politique, sa stratégie, c'est de ne jamais s'excuser, de continuer et de souligner qu'il a toujours raison de toute manière. (...) Son électorat est sa force. C'est cette force qui lui permet également d'exercer un contrôle sur le Parti républicain et en fin de compte d'obliger ses adversaires au sein du Parti républicain à lui être loyal".
