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Nuit de cauchemar à Samakkhi Witthayakhom, une institution scolaire centenaire du nord de la Thaïlande à Chiang Rai: une soixantaine d'élèves, piégés par la subite montée des eaux dans le sillage du typhon Yagi, ont dû être secourus par bateau jeudi.
"L'inondation est montée si vite que nous n'avons pas eu le temps de nous préparer", a raconté à l'AFP un élève de 18 ans, sous le choc, après des heures d'attente et une nuit d'angoisse dans les dortoirs avec ses camarades de ce campus d'enseignement secondaire.
"J'ai eu peur", dit-il, alors que l'inondation, décrite par les riverains comme la pire depuis des décennies, a pris de court les secours.
"Nous sommes restés coincés là depuis (mercredi) après-midi vers 15 heures, jusqu'à aujourd'hui (jeudi). Il y avait aussi des villageois des environs qui avaient nagé pour se mettre à l'abri des eaux de crue, environ 60 à 70 personnes", ajoute-t-il demandant à être identifié sous le nom de Kraiwit.
"Nous avions réussi à évacuer environ 800 enfants, mais 60 sont restés sur place", à cause de la montée brutale du niveau des eaux, a confirmé à l'AFP Philip Pornchai, un prêtre catholique qui coordonne les opérations de sauvetage sur place.
"Je vis à Chiang Rai depuis près de 10 ans et je n'ai jamais rien vu de tel. La plupart des gens ici ne se souviennent pas d'avoir vu de l'eau à ce niveau dans la ville", dit-il.
Dans toute l'Asie du Sud-Est, des millions d'habitants sont frappés par des inondations et des glissements de terrain dans le sillage du typhon qui a traversé la région samedi faisant plus de 200 morts et des destructions dans le nord du Vietnam, au Laos, en Thaïlande et en Birmanie.
Dans les provinces du nord de la Thaïlande, Chiang Mai et Chiang Rai, au mois quatre personnes sont mortes, dont deux victimes d'un éboulement.
Finalement, à Chiang Rai, ce n'est que jeudi que les sauveteurs ont réussi à récupérer les enfants restants alors que le niveau de l'eau continuait à monter.
- "Terrible, vraiment terrible" -
Mais en ville, les rues habituellement animées du centre étaient toujours submergées par une eau brunâtre montant jusqu'à la taille, alors que le soleil perçait les nuages jeudi matin.
Certains habitants pataugeaient en transportant des seaux remplis de nourriture et de produits de première nécessité récupérés chez eux.
Des camions et des bateaux des sauveteurs sillonaient la zone à la recherche d'habitants pris au piège.
A l'arrière d'un camion, une femme en fauteuil roulant, en larmes, regardait ses trois chats gris miaulant, extraits de sa maison inondée, et ramenés au sec.
Pour Pyae Phyo Aung, originaire de Birmanie, il s'agit de la première inondation depuis 12 ans qu'il habite dans la ville.
"Quand nous avons fait nos bagages, le niveau de l'eau atteignait ma cuisse, mais lorsque je suis venu voir ma maison le soir, cela m'arrivait à la taille".
Les propriétaires des magasins se sont précipités mercredi pour protéger leurs commerces avec des sacs de sable face à la montée des eaux.
Un vendeur de nourriture, ayant un stand dans la rue, est encore bouleversé de ce qu'il a vécu avec l'arrivée de la crue mercredi.
"C'était terrible, vraiment terrible (...) J'ai dû fermer mon magasin. Mon réfrigérateur et ma voiture ont été inondés", a confié cet homme voulant être identifié par son surnom, Nat.
"Je vis ici depuis ma naissance, il y a 47 ans, et je n'ai jamais vu une telle inondation".
Les autorités locales prévoient de nouvelles pluies dans les jours à venir, ce qui risque de compliquer les opérations de sauvetage et fait peser une menace supplémentaire sur les habitations situées dans les zones les plus basses.
"Nous faisons tout ce que nous pouvons", assure le père Pornchai, "mais cela va prendre du temps".