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Le blanchissement mondial des coraux atteint un niveau record, selon une agence américaine

Les coraux subissent actuellement l'épisode mondial de blanchissement le plus massif jamais recensé à cause des températures élevées des océans, avertit vendredi une agence gouvernementale américaine.

Plus des deux tiers des récifs coralliens, dans l'Atlantique, le Pacifique et l'océan Indien, sont touchés par le stress thermique, un phénomène lié au changement climatique qui menace la survie de récifs riches en biodiversité.

"La planète se trouve actuellement au beau milieu de l'épisode de blanchissement le plus massif jamais enregistré", a déclaré à l'AFP Derek Manzello, coordinateur du programme dédié aux coraux de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).

L'épisode, qui est toujours en progression, est le quatrième depuis 1998.

"Entre le 1er janvier 2023 et le 10 octobre 2024, environ 77% des récifs coralliens du monde ont connu du stress thermique à des niveaux compatibles avec le blanchissement", a-t-il ajouté par email. "Ce pourcentage est toujours en augmentation".

Quand la température de l'eau est trop élevée, comme pendant les vagues de chaleur qui ont touché les mers de la Floride à l'Australie durant l'année écoulée, les coraux souffrent de stress thermique.

Ils expulsent de ce fait leurs zooxanthelles -- des algues vivant en symbiose avec eux qui leur fournissent les nutriments dont ils ont besoin. Privé de ces algues, le corail perd sa couleur et son alimentation.

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Jonathan WALTER, Jean-Michel CORNU

Les épisodes sévères, prolongés et récurrents peuvent provoquer la mort du corail mais les récifs peuvent récupérer si les températures baissent ou si d'autres facteurs comme la pollution ou la surpêche régressent.

- "Moitié moins de temps" -

Après deux épisodes en 1998 et 2010, le précédent record avait été recensé entre 2014 et 2017, durant lequel 65,7% des récifs coralliens de la planète avaient été touchés. "Nous avons donc dépassé le précédent record de 11,3% en moitié moins de temps", a ajouté Derek Manzello.

La NOAA a obtenu des rapports confirmés sur des phénomènes de blanchissement dans 74 pays ou territoires, dans les hémisphères Nord et Sud.

L'Australie avait annoncé en avril que son emblématique Grande barrière de corail subissait son pire épisode de blanchissement jamais observé et que plus de 70% de ses récifs étaient endommagés.

Environ 850 millions de personnes dans le monde dépendent de récifs coralliens pour travailler et s'alimenter. Les récifs, qui abritent des écosystèmes très riches et diversifiés, protègent aussi les côtes des tempêtes et de l'érosion, selon l'ONG de défense de l'environnement WWF.

Le rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005, selon un rapport de l'observatoire européen Copernicus publié fin septembre. Ce phénomène s'accompagne d'une multiplication des canicules marines. Ainsi, 22% des océans du globe ont connu au moins une vague de chaleur sévère ou extrême en 2023.

Ce réchauffement s’explique par le fait que les océans ont absorbé depuis 1970 "plus de 90% de l'excès de chaleur du système climatique", provoqué par les émissions massives de gaz à effet de serre de l’humanité, selon le Giec.

Les études de la NOAA sont fondées sur des mesures par satellite effectuées depuis 1985.

L'agence avait annoncé ce dernier épisode mondial de blanchissement en avril. "L'échelle et la gravité du blanchissement massif du corail témoignent clairement des dégâts du changement climatique", avait dit à l'époque Pepe Clarke, de l'ONG WWF.

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