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De violents affrontements jeudi à travers le Bangladesh ont blessé au moins 104 policiers et 30 journalistes, en plus des 39 morts déjà décomptés. Ce vendredi, les habitans se réveillent sans connexion internet et en découvrant l'ampleur des dégâts.
Les habitants du Bangladesh se sont réveillés vendredi sans connexion internet, découvrant des bâtiments gouvernementaux incendiés la veille, en marge des affrontements entre forces de l'ordre et étudiants, qui ont fait 39 morts en 48 heures.
Au fil de la semaine, les manifestations qui ont commencé début juillet pour exiger la fin du système de quotas dans la fonction publique ont dégénéré en heurts de plus en plus violents, faisant 39 morts, dont 32 pour la seule journée de jeudi.
Des affrontements se sont déroulés dans près de la moitié des 64 districts que compte le Bangladesh.
"Des mécréants ont déjà incendié, vandalisé et mené des activités destructrices" contre des édifices de la police et du gouvernement, a indiqué la police dans un communiqué, publié jeudi soir, après une coupure "quasi totale" d'internet à travers tout le pays.
Parmi ces bâtiments figurent celui de la télévision d'Etat BTV dans la capitale Dacca, prise d'assaut par des centaines d'étudiants qui y ont mis le feu.
700 blessés
"Une centaine de policiers ont été blessés lors des affrontements" de jeudi, a déclaré à l'AFP Faruk Hossain, porte-parole de la police de la capitale, précisant qu'une "cinquantaine de postes de police ont été incendiés".
Si ces actions destructrices se poursuivent, on sera "obligés de faire un usage maximal de la loi", a mis en garde la police dans le communiqué.
La police est à l'origine de plus des deux tiers des décès recensés, selon des informations obtenues par l'AFP auprès de sources hospitalières.
Plus de 700 personnes ont été blessées jeudi au cours de ces violents heurts entre la police et les manifestants, dont 104 policiers et 30 journalistes, selon la chaîne privée Independent Television, qui a affirmé que 26 districts du pays ont fait état d'affrontements.
Les manifestations quasi-quotidiennes pour obtenir la fin des quotas d'embauche dans la fonction publique ont commencé début juillet. Cette semaine, au fil des jours, les affrontements sont montés en puissance, de plus en plus meurtriers.
La Première ministre Sheikh Hasina a condamné mercredi le "meurtre" de manifestants dans un discours télévisé, et a promis que les responsables seraient punis quelle que soit leur couleur politique.
Mais cela n'a pas suffi. La violence n'a cessé d'augmenter, la police ouvrant le feu sur des manifestants de plus en plus déterminés avec des balles en caoutchouc et d'autres munitions.
Empêcher toute communication
Des affrontements ont également éclaté dans plusieurs villes du Bangladesh alors que la police anti-émeute chargeait les manifestants, qui avaient dressé des barrages humains sur des routes et les autoroutes.
Les étudiants exigent un recrutement dans la fonction publique basé sur le mérite. Ils estiment que le système des quotas vise à favoriser les enfants des partisans de Mme Hasina, qui gouverne le pays depuis 2009 et est accusée par les opposants de vouloir notamment éradiquer toute dissidence pour asseoir davantage son pouvoir.
Mubashar Hasan, un expert de ce pays à l'Université d'Oslo en Norvège, a relevé que ces rassemblements traduisaient l'expression d'un mécontentement généralisé à l'égard du régime.
Les manifestants "protestent contre le caractère répressif de l'Etat", a-t-il expliqué à l'AFP. Ils "remettent en question le leadership d'Hasina, l'accusant de s'accrocher au pouvoir par la force", "les étudiants la traitent en fait de dictatrice", estime-t-il.
"Nous exigeons d'abord que la Première ministre nous présente ses excuses", a déclaré à l'AFP Bidisha Rimjhim, une manifestante de 18 ans. "Il faut que justice soit rendue pour nos frères tués".
Une coupure d'internet "à l'échelle du pays" reste en vigueur, a déclaré vendredi l'organisation de défense du réseau Netblocks, basée à Londres.
"Les perturbations empêchent les familles de se contacter et étouffent les efforts visant à documenter les violations des droits de l'homme", a écrit l'organisation dans un message sur les réseaux sociaux.