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La reconnaissance d'un Etat palestinien enflamme l'Assemblée et la campagne électorale

La gauche l'exige, la droite et l'extrême droite s'y opposent, Emmanuel Macron refuse d'agir sous le coup de l'"émotion". L'éventuelle reconnaissance d'un Etat palestinien a enflammé mardi la campagne et l'Assemblée nationale, où un député LFI a été exclu après avoir brandi un drapeau palestinien.

En pleine séance de questions au gouvernement, Sébastien Delogu a agité ce drapeau dans l'hémicycle, après une intervention d'une autre députée de La France insoumise, Alma Dufour, sur l'offensive israélienne à Rafah, où une frappe meurtrière sur un camp de déplacés palestiniens a suscité l'indignation internationale.

La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a dénoncé un comportement "inadmissible" et suspendu la séance.

Le bureau de la chambre basse du Parlement a immédiatement proposé d'exclure le député des Bouches-du-Rhône pour 15 jours de séance, en raison du "tumulte" provoqué. La sanction, la plus lourde possible, a été aussitôt validée par les élus.

LFI a exprimé sa "stupéfaction" face à une décision saluée par la majorité, Les Républicains et le Rassemblement national.

Pendant la suspension des échanges, une vive altercation verbale a opposé le député LFI David Guiraud et son collègue LR Meyer Habib, proche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Ce monsieur est un porc, il fait honte à la France", a lancé le premier, "espèce de pourriture", a répondu le second. Les huissiers se sont interposés.

- "Intérêts étrangers" -

Ces scènes enflammées interviennent le jour où trois pays, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont formellement reconnu l'Etat de Palestine dans le but affiché de favoriser la paix malgré l'ire d'Israël.

Le sujet s'est invité dans la campagne électorale à douze jours des européennes.

"Au lieu de sanctionner (...) le gouvernement de Benjamin Netanyahu qui est en train de commettre un massacre dans la bande de Gaza, on sanctionne un député (...) qui demande à un État d'exister et qui brandit ce drapeau", s'est indignée sur LCI la tête de liste insoumise Manon Aubry.

Sur la même chaîne, le candidat LR François-Xavier Bellamy a estimé que "faire entrer" à l'Assemblée "un autre drapeau" que celui de la France, "c'est évidemment montrer qu'en réalité, on n'est pas là pour défendre les intérêts des Français, mais (...) des intérêts étrangers".

"A l'Assemblée nationale, il n'y a que deux drapeaux derrière lesquels nous nous retrouvons tous: le drapeau de la République française et le drapeau de l'Union européenne", a lancé dans la soirée le Premier ministre Gabriel Attal lors d'un meeting, dénonçant un spectacle "absolument navrant".

Face à cette opposition gauche/droite, le camp présidentiel reste circonspect, voire partagé sur la question de l'Etat palestinien.

- Dissonances macronistes -

Après avoir déclaré mi-février que "la reconnaissance d'un Etat palestinien" n'était "pas un tabou pour la France", Emmanuel Macron a clarifié sa position attentiste depuis l'Allemagne.

"Je suis totalement prêt à reconnaître un Etat palestinien mais (...) je considère que cette reconnaissance doit arriver à un moment utile", a-t-il dit. "Je ne ferai pas une reconnaissance d'émotion", a-t-il prévenu.

"Je suis déçu", a réagi dans la soirée sur LCI le candidat des socialistes Raphaël Glucksmann, déplorant qu'on "repousse aux calendes grecques" une fois de plus cette décision.

"Je pensais qu'il y avait peut-être une ouverture", a-t-il encore ironisé, en référence aux propos du numéro deux de la liste macroniste, Bernard Guetta. Ce dernier s'était lui prononcé pour une reconnaissance de "l'existence d'un Etat palestinien", contraignant la candidate Valérie Hayer à se justifier sur ces dissonances.

L'ex-chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, qui pilote le comité de soutien de Valérie Hayer, considère pour sa part que ce geste diplomatique est devenu "indispensable".

L'Etat de Palestine est désormais reconnu par 145 des 193 Etats membres de l'ONU, selon un décompte de l'Autorité palestinienne. Mais aucun pays du G7 n'a franchi le pas.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du groupe islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre qui a causé la mort d'environ 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Israël a lancé en représailles une opération militaire dans la bande de Gaza qui a fait plus de 36.000 morts, en majorité des civils, d'après le ministère de la Santé du Hamas.

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