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Si ce 24 février le monde entier aura les yeux tournés vers l'Ukraine à l'occasion du premier anniversaire de l'agression russe, cette date marquera également un autre triste anniversaire, lequel concerne, lui, plus intimement la Belgique.
Ce vendredi, cela fera en effet tout juste un an que l'humanitaire belge Olivier Vandecasteele aura été arrêté en Iran, devenant bien malgré lui le sujet d'un bras de fer diplomatico-judiciaire entre Bruxelles et Téhéran.
Dans ce contexte, nous avons rencontré sa soeur Nathalie Vandecasteele.
"Cela devient très compliqué à vivre. Au départ, on avait une sensation de frustration complète car on est dans un dossier pour lequel on ne maîtrise absolument rien. Cette frustration se remplace par un stress monstrueux, qui devient très compliqué à vivre. On se rend compte que depuis qu’on a eu des nouvelles d’Olivier, le 20 janvier, ses conditions ne se sont toujours pas améliorées. Il commence à être désespéré. Le mental a pris un sérieux coup depuis le mois de novembre, depuis le jugement. Et le fait que la Cour constitutionnel a suspendu avant d’annoncer mi-janvier sa condamnation. Cela devient compliqué pour lui et pour nous. On se dit qu’au plus longtemps ça dure, au plus ça va être compliqué de le sortir."
Elle poursuit: "On espère qu’il pourra être libéré rapidement. Par rapport aux différents traumas qu’il va avoir, cela va aussi être très compliqué de pouvoir passer au-delà. Olivier n’a que 42 ans. Cela serait bien qu’il puisse avoir un minimum de vie correct après."
Quand Nathalie Vandecasteele a appris qu’il avait été arrêté, elle n’imaginait pas que la situation prendrait une telle tournure. "Au début, on pensait que c’était une erreur judiciaire, policière, et donc on s’est dit que ça allait être réglé dans 2-3 semaines. Quand on a appris les enjeux qu’il y avait entre la Belgique et l’Iran, on nous a fait comprendre au ministère qu’on ne pouvait pas mettre de date. Mais pour la famille, on ne sait pas vivre sans mettre une date dans le futur. Mais le dossier a pris une tournure internationale, et ça devient plus stressant."
RAPPEL DES FAITS
Après avoir travaillé six ans en Iran où il s'occupait de réfugiés afghans pour le compte de différentes ONG, Olivier Vandecasteele y a été arrêté le 24 février 2022 alors qu'il s'apprêtait à quitter définitivement le pays. Accusé d'espionnage par le régime iranien, le Belge y a été condamné il y a quelques semaines à 40 ans de prison et 74 coups de fouet lors d'un procès où il n'a pu disposer d'un avocat de son choix.
Détenu à l'isolement complet, mal nourri, n'ayant accès qu'à des soins sporadiques, Olivier Vandecasteele souffre depuis de graves problèmes de santé, selon le comité de soutien qui s'est formé pour obtenir sa libération. Sa détention et condamnation ont donné lieu à un important élan de mobilisation en Belgique, son visage étant apparu sur plusieurs bâtiments officiels. Dimanche, pour dénoncer cette année de détention arbitraire, plusieurs rassemblements sont prévus dans cinq villes belges (Bruxelles, Tournai, Namur, Gand et Louvain) ainsi qu'à Lyon (France).
À son corps défendant, le Belge se retrouve en réalité être le jouet de la "diplomatie des otages" pratiquée régulièrement par l'Iran.
Son sort est en effet lié à celui d'Assadollah Assadi, un agent iranien condamné en 2021 à 20 ans de prison par la justice belge pour un projet d'attentat (déjoué) contre l'opposition iranienne prévu en 2018 à Villepinte, en France.
La Belgique espérait pouvoir mettre à profit un traité de transfèrement des détenus négocié avec l'Iran pour pouvoir obtenir la libération d'Olivier Vandecasteele, mais le texte a été attaqué en justice par l'opposition iranienne, qui s'oppose à la remise en liberté de l'agent iranien, considéré comme terroriste.
Suspendu provisoirement en décembre dernier, ce traité de transfèrement fait toujours l'objet d'un examen auprès de la Cour constitutionnelle, laquelle a encore entendu les parties la semaine dernière.
Si la haute juridiction devait valider le traité, celui-ci pourrait alors rouvrir la voie à un échange de prisonniers, et au retour très attendu de l'humanitaire belge au pays.
L'arrêt de la Cour constitutionnelle est attendu pour ce 8 mars. "On ne sait pas à quel point la mobilisation mise en place peu faire bouger les choses en Iran. Mais la Belgique a le devoir de sortir un innocent d’un pays comme celui-là. Pour les Iraniens, Olivier est une monnaie d’échange depuis le début. On est maintenant impatient d’obtenir la décision de la Cour constitutionnelle. On se dit que s’ils prennent le temps, c’est pour rediscuter ce dossier dans le fond et prendre la meilleure décision pour la Belgique. On espère que la première décision sera revue", conclut Nathalie Vandecasteele.