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Les Etats-Unis vont fermer temporairement leur frontière avec le Mexique aux migrants clandestins qui demandent l'asile à compter de mercredi, après l'annonce par le président Joe Biden d'un durcissement majeur de sa politique d'immigration, à cinq mois de l'élection présidentielle.
Le président démocrate de 81 ans, qui joue sa réélection en novembre face au républicain Donald Trump, a signé un décret en ce sens mardi qui empêche les migrants entrés illégalement sur le territoire américain de bénéficier du droit d'asile lorsque leur nombre dépasse les 2.500 par jour sur une période de sept jours consécutifs, ce qui est actuellement le cas.
Le texte facilite aussi les expulsions vers le Mexique, à quelques rares exceptions près.
Le président américain a assuré que ces nouvelles mesures permettront de "reprendre le contrôle" de la frontière avec le Mexique où affluent un nombre record de personnes fuyant notamment la pauvreté en Amérique centrale ou latine.
Ces mesures aideront aussi "à rétablir l'ordre dans le processus" de demande d'asile, a-t-il déclaré lors d'une allocution à la Maison Blanche, ajoutant qu'elles respectaient "les responsabilités qui nous incombent en vertu du droit international".
Il a une nouvelle fois accusé ses adversaires républicains de bloquer toute réforme migratoire. "Réglons le problème", a-t-il dit en faisant valoir qu'il ne "diaboliserait jamais" les migrants.
Les demandeurs d'asile seraient à nouveau autorisés à entrer dès que leur nombre tomberait à 1.500 par jour, selon la Maison Blanche.
- "Façade" -
Ces annonces interviennent au surlendemain de l'élection au Mexique de Claudia Sheinbaum, la première femme à la tête du pays, saluée par Washington.
Le président américain s'en est à nouveau félicité dans un appel mardi avec son homologue mexicain Andrés Manuel López Obrador, mettant en avant la coopération avec ce pays y compris dans le domaine migratoire.
A Ciudad Juarez, du côté mexicain de la frontière, des candidats à l'immigration rencontrés par l'AFP ont réagi aux annonces de Joe Biden.
"Qu'ils nous donnent une chance", a plaidé Miguel Angel Ramos, un migrant hondurien.
Erickson Quintero, un migrant vénézuélien, exprime lui les difficultés connues en chemin.
"Ce n'est pas facile ce voyage, car les cartels, les autorités d'immigration, la police, l'armée, ils nous traitent vraiment mal".
Tous les sondages montrent que le sujet de l'immigration pèse lourd sur les chances de réélection de Joe Biden en novembre.
Son adversaire républicain Donald Trump a balayé ces annonces.
"Ce n'est qu'une façade car il sait qu'un débat aura lieu dans trois semaines", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social, en référence au duel télévisé qui les opposera le 27 juin.
Donald Trump martèle que les migrants clandestins sont à l'origine d'une vague de criminalité aux Etats-Unis. Or, ni les statistiques policières disponibles dans les grandes villes, ni les études ne démontrent la réalité d'un tel phénomène.
- Stratégie risquée -
Le décret de Joe Biden est basé sur une loi préalablement utilisée par l'administration Trump pour interdire l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de plusieurs pays musulmans.
La Maison Blanche s'est efforcée mardi de désamorcer les critiques selon lesquelles le président démocrate copierait son prédécesseur en utilisant les mêmes dispositifs.
"Toutes ces politiques contrastent fortement avec la manière dont l'administration précédente a géré l'immigration", a avancé un haut responsable sous couvert d'anonymat. "Ils ont diabolisé les immigrés, institué des raids massifs, séparé les familles à la frontière et mis les enfants dans des cages".
Malgré tout, Joe Biden prend le risque de susciter la colère de l'aile gauche de son parti avec ce durcissement.
"Nous allons contester ce décret devant les tribunaux", a aussitôt prévenu la puissante ACLU, une association de défense des droits.
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) s'est pour sa part dit "très préoccupé", estimant que "nombre de personnes ayant besoin de protection internationale (...) se retrouveront sans option viable".
A l'approche de la présidentielle, l'immigration est devenu un sujet central de la campagne électorale, les républicains accusant Joe Biden d'être responsable d'une "invasion" à la frontière.
Donald Trump, qui avait construit lors de son mandat des pans de mur à la frontière mexicaine, tient une rhétorique de plus en plus incendiaire envers les migrants, les accusant d'"empoisonner le sang" du pays.
Dans les 12 mois qui ont précédé octobre 2023, 2,4 millions de personnes ont été interceptées à la frontière avec le Mexique, un record.
Signe de l'importance électorale accordée à ce sujet, les élus de l'Arizona ont décidé mardi d'organiser un referendum autour d'un projet de loi controversé sur l'immigration, et sur lequel les électeurs de cet Etat du sud-ouest des Etats-Unis devront se prononcer lors des élections de novembre.