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Innovation, soutien du gouvernement, vivier de jeunes talents: les professionnels chinois de l'intelligence artificielle (IA) affichent un optimisme sans faille lors d'un salon international à Shanghai, en dépit des restrictions américaines et occidentales.
Le secteur connaît une croissance fulgurante dans le pays asiatique.
Selon l'ONU, ce sont d'ailleurs les inventeurs chinois qui ont déposé l'immense majorité des brevets internationaux ces dernières années sur le créneau de l'IA générative - la technologie permettant de générer rapidement texte, vidéos ou illustrations en réponse à des requêtes.
A la Conférence mondiale sur l'intelligence artificielle (WAIC) cette semaine à Shanghai, de nombreux exposants ont ainsi à coeur de faire étalage de leurs nouveaux produits sur ce créneau.
Un stand présente des "aquarelles" ultra-réalistes ou encore des illustrations ayant pour thème la science-fiction et générées par des logiciels.
A côté, un groupe de robots humanoïdes se produit devant les visiteurs, levant les bras à l'unisson et faisant des signes de la main.
L'intelligence artificielle ouvre la voie à de nombreuses applications, de la reconnaissance vocale à la gestion des données, en passant par l'espionnage ou les applications militaires.
Ce sont notamment ces deux dernières utilisations qui ont poussé les Etats-Unis à limiter les exportations vers la Chine de certaines puces électroniques les plus performantes, en particulier celles utilisées pour le développement de l'IA.
- Meilleurs au monde -
OpenAI, le concepteur du célèbre logiciel ChatGPT, accuse par ailleurs des groupes d'influence chinois d'avoir utilisé ses programmes pour tenter de manipuler l'opinion d'autres pays.
En réaction, il devrait bloquer dès la semaine prochaine l'accès en Chine à son interface de programmation d'application (API) - la plateforme qui permet aux développeurs d'autres produits d'intégrer ses modèles d'intelligence artificielle.
Un coup dur pour nombre d'entreprises chinoises.
Mais selon Ethan Duan, employé d'un incubateur de start-ups, la Chine parviendra tout de même à tirer profit de son énorme réservoir de jeunes professionnels talentueux et les restrictions occidentales n'y changeront rien.
"Une coupure soudaine de l'accès à l'API (d'OpenAI) posera certainement problème à de nombreuses compagnies sur le moment, mais il est encore trop tôt pour savoir si ce problème se posera encore d'ici un an ou deux", estime-t-il.
Son optimisme est étayé par les statistiques.
La Chine comptait ainsi en 2022 près de la moitié (47%) des meilleurs chercheurs au monde en matière d'IA, contre 29% en 2019, selon une étude réalisée par MacroPolo, un cercle de réflexion américain spécialisé dans l'économie chinoise.
Les différentes restrictions prises par les Etats-Unis et certains de leurs alliés occidentaux ne semblent pas doucher l'enthousiasme des visiteurs du salon de Shanghai, qui font la queue dès tôt le matin pour venir tester les jeux et autres expositions interactives.
- "Les dépasser" -
Shi Yunlei, fondateur et PDG d'une société d'appareils de fitness faisant appel à l'intelligence artificielle, fait état d'un intérêt croissant de clients lors des différentes foires professionnelles.
"Tout le secteur chinois des robots est en plein boom (...) et tout le monde travaille dur pour se faire une place sur ce marché", assure-t-il.
Représentante de la société de logiciels OpenCSG, Lü Meixiu affirme à l'AFP que son entreprise n'est "pas trop affectée" par les restrictions américaines et qu'elle continue de développer ses activités à l'étranger.
"Les Etats-Unis sont probablement en avance sur nous dans certains domaines de cette technologie (l'IA), mais la Chine reste également très forte", souligne-t-elle.
"Je pense qu'à l'avenir, ce retard va peu à peu se combler, et qu'on peut même petit à petit les dépasser."
Au début du salon jeudi, un discours du Premier ministre chinois Li Qiang - le deuxième plus haut personnage de l'Etat après le président Xi Jinping - est venu rappeler toute l'importance accordée par le géant asiatique à l'IA.
Il a exhorté les pays étrangers à avoir des "mentalités plus ouvertes" en matière d'intelligence artificielle, pour laquelle une "coopération" est nécessaire notamment en termes de "circulation transfrontalière des données, de libre-échange des équipements et de connectivité des infrastructures".